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Pakistan : Le premier ministre demande la dissolution du parlement

Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a déclaré mercredi qu’il demanderait au président de dissoudre le Parlement en fin de journée, ouvrant ainsi la voie à des élections générales alors que le pays souffre de crises politiques et économiques. La commission électorale disposera ainsi de 90 jours pour organiser les élections, contre 60 jours en cas de dissolution du Parlement le 12 août, à l’issue de son mandat de cinq ans. « Je conseillerai ce soir au président de dissoudre le parlement », a déclaré le Premier ministre au Parlement, en indiquant qu’il entamerait des discussions avec le chef de l’opposition jeudi afin de nommer un Premier ministre intérimaire à partir de la liste des candidats des deux camps.

« Au cours des seize derniers mois, notre gouvernement a fait de son mieux pour améliorer la situation et a servi la nation avec une conviction totale », a déclaré le Premier ministre sortant, Shehbaz Sharif, lors d’un dernier discours à son cabinet. Le nouveau Premier ministre doit être annoncé dans les trois jours suivant la dissolution du parlement, conformément à la constitution.

Le pays connaît des remous politiques depuis que l’ex-Premier ministre Imran Khan a été écarté du pouvoir en avril 2022. Dernier événement en date : la condamnation pour corruption samedi du septuagénaire et son emprisonnement, après des mois de répression à l’encontre de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI).On ignore la forme que prendra le PTI avec son leader charismatique derrière les barreaux. Les deux partis dynastiques habituellement en conflit qui dirigent la coalition sortante, la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N) et le Parti du peuple pakistanais (PPP), devraient, eux, continuer de peser. Cette coalition n’a néanmoins guère obtenu de soutien populaire au cours des 18 mois qu’elle a passés à la tête du cinquième pays le plus peuplé du monde.

Les données du dernier recensement effectué en mai ont finalement été publiées le week-end dernier et la commission électorale affirme qu’elle a besoin de temps pour redessiner les limites des circonscriptions électorales, un point sensible pour plusieurs partis politiques. Selon le directeur de l’Institut d’Asie du Sud du Wilson Center à Washington, Michael Kugelman, tout retard pourrait révéler les divergences entre les principaux partenaires de la coalition, la PML-N et le PPP.  « Retarder l’élection pourrait simplement irriter davantage le public et galvaniser une opposition qui a déjà souffert de mois de répression », estime-t-il.

M. Khan a bénéficié d’un véritable soutien populaire lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 2018, mais les analystes estiment que ce n’était qu’avec la bénédiction des puissants généraux du pays, avec lesquels il se serait brouillé dans les mois qui ont précédé son éviction. Chassé du pouvoir par une motion de censure, il s’est alors lancé dans une campagne de défiance risquée à l’encontre de l’armée l’accusant de s’immiscer dans la politique intérieure. Ancienne star de cricket reconvertie en politique, Imran Khan, n’a eu de cesse depuis de faire pression sur le gouvernement pour qu’il organise des élections anticipées, en organisant des rassemblements de masse et en retirant ses députés du parlement, mais sa manœuvre a finalement échoué. L’arrestation et la brève détention de M. Khan en mai dans l’affaire de corruption qui lui vaut sa récente condamnation, ont déclenché des jours de manifestations parfois violentes.

R.I. avec agences

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