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Le GECF monte au créneau

Les exportateurs de gaz ont démontré leur ferme intention de s’opposer aux velléités du bloc occidental à militariser les questions énergétiques, dans le contexte géopolitique actuels complexe, à imposer une nouvelle domination énergétique au prix de la sécurité énergétique mondiale et du droit des peuples à un accès à une énergie durable.

C’est un Sommet du GECF éminemment géopolitique qui s’est tenu hier à Alger. Que ce soit à travers les interventions des chefs d’États qui ont pris part à l’événement où la Déclaration d’Alger, adoptée à l’unanimité à l’issue du Sommet, et qui traduit les nouveaux objectif du Forum, les exportateurs de gaz ont démontré leur ferme intention de s’opposer aux velléités du bloc occidental à militariser les questions énergétiques, dans le contexte géopolitique actuels complexe, à imposer une nouvelle domination énergétique au prix de la sécurité énergétique mondiale et du droit des peuples à un accès à une énergie durable. Ils réaffirment aussi leur volonté de consolider la souveraineté des producteurs sur leurs richesses gazières et à garantir la stabilité du marché gazier et garantir le financement des investissements, en promouvant le recours aux contrats à moyen et long terme, mais aussi à travers une refonte des rapports entre les producteurs et consommateurs lesquels sont aussi appelés à contribuer aux investissements dans cet énergie propre qui jouera assurément un rôle majeur dans la transition énergétique. Un sommet au cours duquel les conflits actuels qui affectent les marchés énergétiques ainsi que les structures et routes gazières se sont invités, à l’image du conflit, mais aussi et surtout la question palestinienne au regard de l’agression sioniste à Ghaza, qui porte en elle des objectifs de domination sur les gisements gaziers dans la mer de Ghaza et plus largement celles se trouvant au large du Liban.

Un contexte complexe, dans lequel les membres du Forum des pays exportateurs de gaz ont souligné la nécessité de renforcer la coordination pour préserver leurs intérêts et surtout consolider le rôle du GECF dans un contexte de marché changeant et évoluant vers un marché de plus en internationalisé grâce au développement du GNL. Le Sommet d’Alger a d’ailleurs semé les graines pour l’évolution du GECF qui pourrait passer d’ici quelques années d’un forum de coordination entre les exportateurs de gaz vers une organisation qui ressemblerait à l’Opep et qui pourrait pleinement peser sur le marché. En attendant, la rencontre de haut niveau entre les membres du Forum, lequel s’élargit avec l’accueil de nouveaux membres à l’image du Sénégal, dernier membre permanent à rejoindre le GECF après la Mauritanie et le Mozambique, a permis de statuer un fait : les exportateurs et producteurs de gaz ont tout intérêt à faire bloc et à faire passer les rivalités entre producteurs au second plan, pour contrer les manœuvres menées du côté du bloc OCDE afin d’agir sur les leviers et manipuler les données du marché, devenu très volatil, à militariser les sanctions économiques, et à essayer d’exclure le gaz du mix énergétique mondial en interdisant le financement de projets gaziers, sous le couvert de l’argumentaire climatique, dans le seul objectif d’asseoir la domination de technologies énergétiques dans l’accès est limité au monde développé.

Ce sont d’ailleurs ces préoccupations que la déclaration d’Alger traduit parfaitement. Le document qui a sanctionné les travaux du 7e sommet du GECF réaffirme ainsi « les droits souverains absolus et permanents des pays membres sur leurs ressources en gaz naturel », l’« engagement envers les objectifs du GECF et détermination à renforcer le rôle du Forum tout en soulignant sa contribution à la sécurité, à l’équité et à la pérennité énergétiques mondiales », ainsi que le «soutien à un dialogue solide et significatif entre les producteurs, les consommateurs, et les autres parties prenantes concernées, en vue d’assurer la sécurité de la demande et l’approvisionnement, favoriser la stabilité du marché et plaider pour des marchés du gaz naturel transparents, sans entrave et non discriminatoires ».

C’est dans le respect de ces principes que la Déclaration d’Alger condamne toutes les restrictions économiques unilatérales entreprises sans l’approbation préalable du Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi que l’application extraterritoriale de toutes mesures, lois et réglementations nationales à l’encontre des pays membres du GECF qui impactent négativement le développement et le commerce du gaz naturel et mettent en péril la sécurité de l’approvisionnement en gaz naturel ». Le GECF exprime aussi son « rejet de toute intervention artificielle sur les marchés du gaz naturel, y compris les tentatives de modifier la détermination des prix et la gestion des risques des marchés, ainsi que l’imposition de plafonnements de prix motivée par des raisons politiques, qui ne peuvent qu’aggraver la situation du marché et décourager les investissements nécessaires pour satisfaire la demande énergétique mondiale », ainsi que sa « désapprobation de la mise en œuvre unilatérale d’actions et de mesures fiscales sans précédent supposées être justifiées par la garantie de la sécurité de l’approvisionnement énergétique par certains, au détriment des règles du marché du gaz naturel, et au risque d’accentuer les déséquilibres au détriment des personnes en situation de vulnérabilité ».

Les membres du Forum affichent aussi de l’« inquiétude face à la volatilité récurrente de la demande de gaz naturel qui affecte négativement la performance économique mondiale, et la détermination à travailler avec toutes les parties pour parvenir à des marchés de gaz naturel équilibrés et fiables », soulignant dans ce sens « l’importance des contrats de gaz naturel à moyen et long terme, des prix équitables et stables du gaz naturel et des investissements soutenus dans le gaz naturel pour améliorer la sécurité énergétique et soutenir le développement de systèmes énergétiques résilients ». Ils ont d’ailleurs, appelé « à des investissements opportuns pour la stabilité du marché, un flux sans entrave des ressources financières, l’accès à la technologie et le transfert de connaissances de manière non discriminatoire ». Le GECF a d’ailleurs affiché la « détermination à renforcer notre coopération en vue de maintenir la fiabilité et la résilience des systèmes de gaz naturel, d’offrir un approvisionnement efficace et fiable en gaz naturel et d’étendre l’utilisation du gaz naturel pour un développement durable et l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. Les pays membres se sont engagés à promouvoir le gaz naturel comme une source d’énergie abondante, abordable, flexible et fiable, exploiter et développer des technologies du gaz naturel plus respectueuses de l’environnement, efficaces et durables. Ils s’engagent à plaider pour une utilisation plus large du gaz naturel aux niveaux des marchés nationaux et internationaux, en tant que mesure stratégique pour lutter contre la pauvreté énergétique et poursuivre les Objectifs de développement durable des Nations Unies, ainsi que se contribuer à l’inclusion du gaz naturel comme ressource écologiquement durable dans le climat, les investissements et les réglementations fiscales, le secteur bancaire international et le commerce mondial. Il s’agit aussi de « favoriser l’utilisation accrue du gaz naturel dans les transports maritime et terrestre et développer les infrastructures nécessaires pour la fournir à tous les consommateurs de manière efficace et rentable ». Ils ont entre autres souligné « l’importance cruciale de la sauvegarde des infrastructures sensibles liées au gaz naturel, y compris les infrastructures transfrontalières (…).

Samira Ghrib

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