Construction automobile: Hyundai investira 400 millions USD dans un projet d’usine en Algérie
Le projet d’implantation de l’usine Hyundai en Algérie s’inscrit dans une stratégie nationale ambitieuse de redéploiement industriel, marquant une étape décisive dans la transformation du secteur automobile du pays.
Le constructeur automobile sud-coréen Hyndai entend investir 400 millions de dollars dans un projet d’usine automobile en Algérie. Ce projet représente l’un des investissements industriels les plus significatifs jamais réalisés en Algérie, symbolisant la volonté du pays de développer une véritable industrie automobile nationale compétitive et moderne.
Le constructeur coréen Hyundai a, en effet, officiellement choisi l’Algérie pour implanter sa principale usine de production en Afrique du Nord. Le projet a d’ailleurs été présenté mercredi dernier lors d’une rencontre entre le Directeur général de l’Agence algérienne de promotion des investissements, Omar Rekkache et Suhail Salim Bahwan Al-Mukhaini, le patron du Groupe omanais Saud Bahwan Group Holding LLC qui porte le projet. Un choix stratégique motivé par plusieurs facteurs clés. La stabilité du marché algérien, les réformes économiques favorisant les investissements étrangers et la proximité géographique avec les marchés africains et européens ont été des éléments déterminants dans cette décision. Le projet vise à répondre à une demande croissante de véhicules abordables tout en positionnant l’Algérie comme un hub de production automobile régional.
La future usine Hyundai, portée par le groupe Saud Bahwan, ambitionne ainsi de produire une gamme diversifiée de véhicules. Le programme de production prévoit l’assemblage de trois modèles de voitures touristiques et deux types de véhicules utilitaires. Une dimension particulièrement innovante réside dans l’inclusion de véhicules électriques, s’inscrivant dans la stratégie mondiale de Hyundai en matière de durabilité et de transition énergétique. Le calendrier de production est échelonné : un SUV low-cost et un véhicule utilitaire sont prévus pour fin 2026, suivis en 2027 par une berline low-cost et un autre utilitaire, puis en 2028 par une citadine. Ce projet Hyundai s’intègre dans un mouvement plus large de réindustrialisation automobile en Algérie. L’année 2025 s’annonce comme un tournant avec le lancement de plusieurs projets industriels majeurs. L’usine Stellantis d’Oran, inaugurée en décembre 2023, a déjà produit 24 000 véhicules, démontrant la faisabilité d’une production locale de qualité. D’autres constructeurs suivent cette dynamique : Chery prépare le lancement de son usine dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, et l’usine Kia de Batna se prépare également à reprendre sa production. Le marché automobile algérien présente un potentiel considérable. Les experts estiment les besoins annuels autour de 500 000 véhicules, alors que la production actuelle ne couvre qu’une fraction de cette demande. En 2023, le marché a été approvisionné par 180 000 véhicules neufs importés, 5 122 véhicules de moins de trois ans, et les 24 000 unités produites localement par Fiat. Cette situation souligne l’immense opportunité de développement pour l’industrie automobile nationale. La stratégie algérienne ne se limite pas à Hyundai. D’autres constructeurs internationaux sont engagés dans des projets de production locale. Jetour prévoit de sortir sa première voiture en décembre 2025 à Bordj Bou-Arréridj, Baic modernise son usine de Batna avec l’objectif d’augmenter progressivement l’intégration locale, et JAC Motors développe un projet dans la wilaya d’Aïn Témouchent avec une capacité projetée de 100 000 voitures par an, dont 40% destinées à l’exportation.
Les autorités affichent clairement leur volonté de transformer radicalement le secteur automobile. L’objectif est de dépasser l’image des anciens « hangars de gonflage de pneus » pour construire un écosystème industriel performant et durable. Les nouvelles dispositions réglementaires, bien que considérées comme strictes, visent à favoriser une industrialisation de qualité, avec des standards de production élevés, un développement de la sous-traitance locale et un taux d’intégration croissant. Le projet Hyundai s’inscrit dans cette veine. Il est aussi un marqueur de la transformation économique nationale illustrant la capacité de l’Algérie à attirer des investissements internationaux majeurs et à développer une industrie moderne et compétitive. La production de véhicules à prix abordables, incluant des modèles électriques, doit ainsi permettre de positionner l’Algérie comme un acteur stratégique dans l’évolution du marché automobile africain.
Samir Benisid