« La Saoura, un trésor naturel et culturel » projeté au Palais de la culture: Un joyau saharien entre patrimoine et biodiversité
Dans le cadre du Mois du patrimoine, le Palais de la Culture Moufdi-Zakaria d’Alger a accueilli jeudi soir la projection officielle du documentaire « La Saoura, un trésor naturel et culturel », une œuvre qui célèbre la récente inscription de cette région exceptionnelle au patrimoine culturel national.
Cette soirée organisée sous l’égide du ministère de la Culture et des Arts, marque une étape décisive dans la reconnaissance d’un territoire aux richesses insoupçonnées. « Le film offre une vision artistique et cognitive de la Saoura, à travers une relecture de l’histoire et de la richesse de cette région du Sud-Ouest de l’Algérie », a souligné le ministère dans son communiqué, rappelant l’importance de cette démarche « dans un contexte national qui conforte la place du patrimoine en tant qu’élément central dans la construction de l’identité collective et la préservation de la mémoire historique des Algériens ». La projection s’est déroulée le même jour que la décision unanime de la Commission nationale des biens culturels de classer cette immense zone de 92.014 km² s’étendant sur les wilayas de Béchar et de Béni Abbès. Une décision qui consacre officiellement la valeur exceptionnelle tant naturelle que culturelle de ce territoire saharien. Présent lors de la projection, le ministre de la Culture et des Arts, Zouhir Ballalou, a tenu à souligner la portée symbolique de cette reconnaissance : « L’inscription du parc de la Saoura, riche de son patrimoine culturel matériel et immatériel, mais aussi de son patrimoine naturel, intervient parallèlement à la visite du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune dans la région de Béchar, marquée par une dynamique économique », ajoutant que « la culture et l’environnement accompagnent cette importante dynamique ». L’événement a réuni de nombreuses personnalités, dont des responsables des secteurs de la culture, de l’agriculture, de l’environnement et des affaires étrangères, ainsi que des représentants des différents services de sécurité, des experts et des journalistes, témoignant de l’importance interministérielle accordée à ce classement. Réalisé par Redouane Tahri avec le soutien du ministère de la Culture et des Arts, ce documentaire se divise en deux parties complémentaires qui dressent un portrait exhaustif de la région. La première partie met en lumière la richesse faunistique souvent méconnue de la Saoura : « les différentes espèces animales qui vivent dans le désert, les montagnes et les vallées de la région depuis des milliers d’années, pour la plupart méconnus, y compris des habitants de la région », précise le communiqué, citant notamment « les gazelles, les faucons, les lézards, les chacals, les loutres communes, les martins-pêcheurs d’Europe, les fennecs ». Le second volet explore quant à lui le patrimoine culturel exceptionnel, des gravures rupestres préhistoriques aux fossiles en passant par les tombes antiques et l’architecture traditionnelle des ksour sahariens. Lors de son intervention, le réalisateur Redouane Tahri a partagé sa vision de cette région qu’il qualifie « d’histoire enracinée, renfermant un précieux héritage et une riche biodiversité ». Photographe spécialiste du Sahara et chercheur passionné par la faune saharienne, il parcourt depuis des années la Saoura qu’il documente méticuleusement « à l’aide d’appareils numériques diurnes et nocturnes, de drones et d’autres technologies » à travers son entreprise « Wild Algeria » (l’Algérie sauvage). Son plaidoyer s’est également porté sur des enjeux de préservation, appelant notamment à « la réintroduction des espèces animales disparues de cette région, dont l’oryx gazelle et l’autruche ». Le réalisateur a particulièrement insisté sur la dimension universelle de ce patrimoine : « La faune de la région est non seulement un patrimoine naturel de l’Algérie mais du monde entier », illustrant son propos par deux exemples emblématiques : « la loutre commune, qui est la seule espèce au monde vivant dans une zone saharienne » et le « poisson Apricaphanius saourensis, une espèce endémique à l’Oued Saoura », qu’il a lui-même redécouvert en juillet 2024 dans un cours d’eau de l’Erg occidental, alors que cette espèce figure sur la liste rouge des espèces aquatiques menacées d’extinction établie par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La soirée s’est enrichie d’une séquence musicale avec un interlude au oud après la projection de la première partie, et s’est conclue par une image collective immortalisant cet événement marquant dans le processus de valorisation du patrimoine national. Un moment particulièrement apprécié fut la présentation d’images et d’une vidéo exclusive du « félin du désert » Amayas, capturées dans le parc culturel du Hoggar, occasion pour le directeur du parc d’appeler à renforcer la coopération et la sensibilisation des citoyens à l’importance de protéger cet héritage.
Mohand Seghir