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Fin de mission pour la conseillère du SG des Nations-Unies : La Libye face à un avenir incertain

La conseillère spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la Libye, Stéphanie Williams, a terminé son mandat, a indiqué son bureau lundi sans annoncer de remplaçant, alors que la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) vient d’être renouvelée seulement pour trois mois. La diplomate américaine a fait ses valises sans avoir réussi à convaincre les différents protagonistes de la crise de faire taire leurs armes et surtout à doter la Libye d’institutions élues démocratiquement. Stéphanie Williams laisse même l’ex-Jamahiriya dans un état plus inquiétant que dans celui dans lequel elle l’a trouvé à son arrivée à Tripoli. Le pays est toujours aussi divisé et otage des ingérences étrangères.

Soutenu par un groupe de pays dont l’Egypte, les Emirats arabes unuis, la Russie et l’Arabie Saoudite, Khalifa Haftar n’a toujours pas abandonné son projet de prendre le pouvoir par la force. Il est clairement dans une logique de confrontation et non de coopération avec le gouvernement reconnu par la communauté internationale et actuellement dirigé par Abdelhamid Dabaïba. Cette logique de confrontation ou de défiance s’est traduite récemment par la mise en place à Syrte d’un gouvernement parallèle dont les rênes ont été confiées à Fethi Bachagha, ancien ministre de l’Intérieur de Fayez al-Sarraj originaire de Misrata.

Homme lige de Khalifa Haftar, Fethi Bachagha menace régulièrement de marcher sur Tripoli pour y déloger Abdelhamid Dabaïba et son gouvernement mis en place début 2021 sous l’égide de l’ONU pour mener la transition jusqu’à des élections qui n’ont pas encore eu lieu. Le risque de voir la Libye replonger dans la guerre civile est donc grand, cela au grand dam des Libyens qui souffrent d’une dégradation continue de leurs conditions socio-économiques. Près de onze années après le renversement et l’assassinat de Mouammar El Gueddafi par les Occidentaux, le Libye est toujours face à un avenir des plus incertains. Khalifa Haftar a été condamné vendredi dernier par la justice américaine à verser des dommages et intérêts à des ressortissants l’accusant de tortures et d’exécutions extrajudiciaires n’est pas le seul acteur à vouloir la tête d’Abdelhamid Dabaïba sur un plateau. L’actuel chef du gouvernement libyen reconnu et soutenu formellement par la communauté internationale a des ennemis dans son propre camp à Tripoli.  

Preuve en est, la capitale libyenne et la ville de Misrata ont été le théâtre les 22 et 23 juillet derniers de violents affrontements entre deux milices qui ont fait 16 morts et une cinquantaine de blessés. Misrata est le fief de Dbeibah et de Bachagha. Dans la capitale, les combats avaient opposé deux groupes armés influents, rattachés au pouvoir exécutif: la Force al-Radaa (dissuasion) et la Brigade des Révolutionnaires de Tripoli.

Ces incidents sont symptomatiques du chaos dans lequel est plongée la Libye depuis la liquidation Mouammar El Gueddafi en 2011 et dont elle ne parvient pas à s’extirper. Un chaos entretenu par des puissances extra-régionales qui règlent leurs comptes par milices interposées. Le but final étant de faire main-basse sur les immenses réserves d’hydrocarbures que recèle la Libye. Ces rivalités entre puissances est un facteur permanent de déstabilisation de l’Afrique du Nord et du Sahel. Le renversement du régime de Mouammar El Gueddafi a déjà eu des effets dévastateurs sur des pays comme le Mali.  

Il est à craindre que la crise en Libye s’exacerbe car les puissances étrangères agissantes dans le pays tiennent même en otage les Nations-Unies. Les Nations unies se sont bien engagées « à soutenir un processus dirigé par les Libyens pour faire face aux défis qui persistent et assurer la tenue d’élections présidentielles et parlementaires aussi vite que possible ». Il est peu probable cependant que  cette promesse soit tenue. En raison du lobbying et du jeu malsain de certains pays, l’ONU est incapable en effet de nommer un envoyé spécial qui puisse succéder à Ian Kubis qui a jeté l’éponge il y a quelques mois.

Le Secrétaire général de l’ONU avait bien avancé, il y a peu, le nom de Sabri Boukadoum, l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères, pour être son envoyé spécial. Mais sa proposition a buté sur le véto d’ennemis de l’Algérie et certainement aussi de la Libye. Pourtant, Sabri Boukadoum qui part avec l’avantage précieux de faire consensus en Libye et de maîtriser le dossier aurait pu contribuer à trouver une issue pacifique et démocratique à la crise. L’opposition rencontrée par la candidature de Sabri Boukadoum donne certainement raison à ceux qui soutiennent l’idée que l’agenda de certains pays n’est justement pas  de remettre la Libye sur les rails mais plutôt de faire du dossier un instrument de déstabilisation massif.  

Khider Larbi

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