Une première startup introduite à la Bourse d’Alger: Un levier dans la modernisation du marché financier
La Bourse d’Alger a franchi hier une étape historique avec l’introduction officielle des actions de Moustachir, première startup à faire son entrée sur le marché financier algérien.
L’introduction de Moustachir en Bourse s’est révélée être un franc succès, avec une demande dépassant l’offre de près de 120%. Au total, 149.615 actions ont été demandées, alors que l’entreprise n’en proposait que 125.000, représentant 25% de son capital. L’opération a permis de collecter 94,625 millions de dinars algériens, témoignant de l’intérêt marqué des investisseurs pour cette jeune entreprise innovante. Cette opération, qui marque un tournant dans la modernisation du secteur financier du pays, s’est déroulée sous l’égide du ministre des Finances, Laaziz Faid, en présence de plusieurs hauts responsables du secteur économique et financier. La cérémonie, qui s’est tenue au siège de la Bourse d’Alger, a notamment réuni le ministre de l’Économie de la connaissance, des startups et des petites entreprises, Nourredine Ouadah, le directeur général de la société de gestion de la Bourse d’Alger, Yazid Ben Mouhoub, le président de la Commission de régulation et de surveillance des opérations boursières (Cosob), Youcef Bouzenada, ainsi que le directeur général de Moustachir, Kheireddine Boulefaa.
Le ministre des Finances a souligné l’importance capitale de cet événement, le qualifiant d' »étape importante et historique dans le domaine du marché boursier ». Selon ses propos, cette introduction « constituera certainement un levier et un mécanisme pour le financement des PME et des start-up, à même de fournir des solutions innovantes et un accompagnement pour le développement durable de leurs activités ».
Les données fournies par la COSOB révèlent une participation diversifiée à cette opération, avec 306 souscripteurs répartis en trois catégories : 257 personnes physiques ayant acquis 62.500 actions, 29 fonctionnaires et conseillers de Moustachir pour 12.500 actions, et 20 personnes morales algériennes totalisant 50.000 actions. La répartition géographique des souscripteurs couvre 45 wilayas, avec une concentration particulière sur Alger qui représente 31,56% des actions vendues (39.453 actions pour 71 souscripteurs), suivie de Bejaia avec 19,78% (24.725 actions pour 5 souscripteurs) et Sétif avec 11,36% (14.204 actions pour 11 souscripteurs). Moustachir, qui a obtenu le « Label start-up » en 2022, est une société de conseil spécialisée qui opère via une plateforme en ligne, mettant en relation des consultants et experts avec des entreprises et particuliers en quête de conseils personnalisés. Son introduction en Bourse fait suite à l’obtention du visa de la COSOB en novembre 2024, qui avait fixé le prix de souscription à 760 dinars par action. Le premier argentier du pays a particulièrement mis en avant le soutien du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à l’économie de la connaissance et aux startups, soulignant « sa profonde foi en les capacités de nos jeunes, porteurs de projets innovants et créatifs, qui contribueront, certainement, à établir une vision moderne de l’économie algérienne, où ces entreprises joueront un rôle pivot ». Cette introduction s’inscrit dans un plan plus large de modernisation du secteur financier algérien. Le ministre a notamment évoqué les « réformes globales lancées au cours des deux dernières années » pour renforcer l’attractivité du marché et l’écosystème des startups. Ces réformes comprennent l’adoption de nouveaux règlements par la COSOB, notamment le règlement 23-01 sur le financement participatif, le règlement 23-04 sur la Bourse des valeurs mobilières, et le règlement 24-01 concernant la prévention du blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. La fin de l’année 2024 a également vu le lancement d’initiatives importantes, dont la création d’un guichet unique du marché financier regroupant tous les acteurs du secteur, ainsi que le déploiement d’un portail électronique visant à simplifier les procédures. Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie plus large incluant l’ouverture du capital de banques publiques, comme en témoigne l’introduction réussie du Crédit Populaire d’Algérie (CPA). Avec l’arrivée de Moustachir, la Bourse d’Alger compte désormais sept entreprises cotées : Alliance Assurances, Biopharm, l’Entreprise de gestion hôtelière Aurassi, Saidal, le Crédit Populaire d’Algérie (CPA), la PME « AOM Invest » et maintenant Moustachir. Ce nombre devrait bientôt passer à huit avec l’introduction prochaine de la Banque de développement local (BDL), qui prévoit de mettre en vente 44,2 millions de nouvelles actions. L’introduction de Moustachir en Bourse représente ainsi une étape cruciale dans la modernisation du marché financier algérien et témoigne de la volonté des autorités de diversifier les sources de financement tout en promouvant l’innovation et l’entrepreneuriat. Cette opération réussie pourrait encourager d’autres startups à suivre la même voie, contribuant ainsi au développement d’un écosystème financier plus dynamique et moderne en Algérie.
Samira Ghrib