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RD Congo: Les rebelles du M23 dans le centre de Goma

La situation en République démocratique du Congo (RDC) connaît une escalade majeure alors que les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda selon les experts de l’ONU, sont entrés hier  dans le centre de Goma, principale ville de l’est du pays. Cette avancée significative des forces rebelles, qui s’inscrit dans un conflit durant depuis trois ans, fait craindre une extension régionale du conflit et une aggravation de l’une des pires crises humanitaires au monde.

Des témoignages rapportent des échanges de tirs près de l’aéroport, du centre-ville et de la frontière avec le Rwanda, tandis que des affrontements se poursuivent entre miliciens pro-gouvernementaux et combattants du M23. Deux sources onusiennes confirment des échanges de tirs entre les troupes de la RDC et du Rwanda à leur frontière commune près de Goma. Si l’aéroport reste sous contrôle de l’armée selon l’Autorité du transport aérien en RDC, la situation demeure confuse avec des cas de pillages signalés. Corneille Nangaa, chef de l’Alliance du fleuve Congo, une composante du M23, affirme que ses forces contrôlent Goma et que des soldats de l’armée se rendent progressivement, une information corroborée partiellement par l’armée uruguayenne qui confirme la reddition de 100 soldats congolais aux troupes de la mission de maintien de la paix de l’ONU (Monusco). Face à cette détérioration de la situation, le personnel de la Monusco et leurs familles ont été évacués vers le Rwanda. Le conflit a déjà forcé des centaines de milliers de personnes à fuir leurs foyers, s’ajoutant aux trois millions de déplacés recensés en 2024. Les experts de l’ONU estiment que le Rwanda a déployé entre 3.000 et 4.000 soldats et fourni un soutien militaire conséquent au M23, incluant missiles et tireurs d’élite. Dans ce contexte, la position du groupe A3+ (Algérie, Somalie, Sierra Leone et Guyana) au Conseil de sécurité de l’ONU revêt une importance particulière. Par la voix de l’ambassadeur Michael Imran Kanu, le groupe a appelé dimanche à une solution politique au conflit, insistant sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC. Le groupe condamne fermement les attaques contre les Casques bleus et le personnel militaire de la Sami-RDC, tout en saluant l’action de la Monusco dans la protection des civils. Les A3+ soulignent l’urgence de protéger les millions de civils congolais et exhortent la Monusco à poursuivre la protection de la population et des infrastructures essentielles à Goma. Le groupe appelle également à la cessation des hostilités par le M23 et invite le gouvernement de la RDC à collaborer de bonne foi avec toutes les parties concernées. Un accent particulier est mis sur la nécessité de reprendre les discussions diplomatiques entre la RDC et le Rwanda dans le cadre du processus de Luanda, notamment concernant la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Le groupe demande expressément l’arrêt de tout soutien au M23, considérant que celui-ci compromet la paix et la stabilité à long terme de la région. Face à l’ampleur de la crise humanitaire, avec 6,5 millions de personnes déplacées dont 34.000 récemment, 290 civils blessés et 400.000 enfants déscolarisés, une initiative diplomatique régionale se dessine. Le président kényan William Ruto, qui assure la présidence de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC), a annoncé la tenue d’un sommet extraordinaire dans les 48 heures, avec la participation confirmée des présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame. Cette rencontre intervient alors que Kigali affirme adopter une « posture défensive durable » face à l’évolution des combats, soulignant l’urgence de revitaliser les processus de paix de Luanda et de Nairobi. Le dernier cessez-le-feu, signé fin juillet, n’a pas tenu, à l’instar des précédentes tentatives de trêve, illustrant la complexité d’une situation qui menace la stabilité de toute la région des Grands Lacs.

Lyes Saïdi

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