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Revirement de Pedro Sanchez sur la question sahraouie : Les Espagnols battront le pavé samedi à Madrid

La récente décision du président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez de s’aligner sur les thèses marocaines sur la question du Sahara occidental fait l’unanimité contre. Classe politique, société civile et experts critiquent vivement ce revirement perçu comme une capitulation du gouvernement face au chantage du Makhzen. D’ailleurs les Espagnols se sont donnés rendez-vous samedi à Madrid pour une grande démonstration destinée à faire part de leur mécontentement face à cette atteinte aux principes défendus par l’Espagne.

En effet, une grande manifestation sera organisée samedi à Madrid contre la nouvelle position « honteuse » du gouvernement espagnol dirigé par Pedro Sanchez sur la question sahraouie, a indiqué le militant politique espagnol Fernando Pereta. Ce dernier a souligné que la société civile, la classe politique et les organisations syndicales en Espagne, « sont pleinement conscientes de l’ampleur du complot ourdi contre la juste cause sahraouie ».

Les Espagnols ont manifesté mardi contre la nouvelle position du gouvernement Sanchez concernant la question du Sahara occidental. Les manifestants sont sortis dans plusieurs villes, dont Séville, Saragosse et Malaga, brandissant les drapeaux sahraouis et exprimant leur soutien au peuple sahraoui et à son juste combat pour la liberté et l’indépendance, et leur rejet de la décision de Madrid d’abandonner sa position traditionnelle de neutralité, et de soutenir le soi-disant « plan d’autonomie » proposé par l’occupant marocain. Les manifestants ont appelé au respect de la légalité internationale, des résolutions des Nations unies et à la reconnaissance officielle des responsabilités historiques de l’État espagnol dans le conflit du Sahara occidental.

Les réactions contre le revirement de Sanchez continuaient à pleuvoir hier.  Dans des déclarations à la presse, l’ancien ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Garcia Margallo a condamné le changement de position du gouvernement espagnol concernant le Sahara Occidental, soulignant que « toutes les justifications fournies par le gouvernement à cet égard sont fausses ». L’ancien responsable espagnol a estimé que « changer ainsi la position sur le Sahara occidental est quelque chose que même Franco n’a pas osé faire : sans en discuter en Conseil des ministres », ajoutant : « C’est un geste de despote, qui enfreinttoutes les règles de coexistence en politique étrangère. L’ancien ministre a souligné que la position du Parti populaire, soutenu par les forces politiques espagnoles, a toujours été « l’adhésion à une solution finale et juste entre les deux partis qui garantisse au peuple du Sahara occidental son autodétermination conformément aux textes et chartes des Nations Unies. Quant au chercheur espagnol Alberto Maestre Afuente, il a décrit, pour sa part, « la gestion par l’Etat espagnol du droit du peuple sahraoui comme caractérisée par le mensonge et la dissimulation, comme elle l’a toujours été ». Pour le chercheur spécialisé dans les questions africaines, c’est « une chose honteuse que l’Afrique ne se soit pas encore débarrassée de l’hégémonie du colonialisme à cause de l’Espagne ». Commentant les déclarations du ministre espagnol des Affaires étrangères à Bruxelles, dans lesquelles il a déclaré que « l’Espagne soutient (l’envoyé de l’ONU) Staffan de Mistura dans sa mission de parvenir à une solution dans le cadre des Nations unies », le chercheur a déclaré :  » c’est l’Espagne qui est évasive et qui manipule les résolutions des Nations Unies. »  Le représentant du Front Polisario auprès des Nations unies, coordinateur avec la Minurso, Sidi Mohamed Omar, a appelé, pour sa part, l’Espagne « en tant que puissance administrante du Sahara occidental », à assumer pleinement sa responsabilité juridique et historique et reconsidérer sa nouvelle position qui entrave les efforts de l’ONU à parvenir à une solution au conflit.

Dans une lettre adressée mardi au Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, concernant la nouvelle position du gouvernement espagnol sur le Sahara occidental, le responsable sahraoui a estimé que celle-ci « ne servira qu’à enhardir l’Etat occupant du Maroc à poursuivre son occupation militaire illégale de certaines parties du Sahara occidental ». « Au lieu d’assumer sa responsabilité historique et morale légalement établie envers le peuple du Sahara occidental, le gouvernement espagnol a opté pour une position regrettable, d’autant plus qu’il s’éloigne de la politique traditionnelle espagnole à l’égard du Sahara occidental », a déploré l’ambassadeur sahraoui. « Le Front Polisario et le Gouvernement de la République sahraouie (RASD) appellent l’Espagne, en tant que puissance administrante du Sahara occidental, à assumer pleinement sa responsabilité juridique et historique envers ce territoire et le destin de son peuple », a écrit M. Sidi Omar dans sa missive. A cet égard, le Front Polisario et le Gouvernement de la RASD « espèrent que le Gouvernement espagnol reconsidérera d’urgence sa décision et veillera à ce que l’Espagne joue un rôle constructif dans les efforts internationaux visant à parvenir à une solution pacifique et durable fondée sur l’exercice par le peuple du Sahara occidental de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance », a poursuivi le représentant du Polisario. Selon M. Sidi Omar, la nouvelle position de Madrid « encouragera également l’Etat occupant du Maroc à persister dans son obstructionnisme d’une manière qui entravera les efforts de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, M. Staffan de Mistura, et compromettra la perspective d’une relance du processus de paix de l’ONU, longtemps au point mort ».

R.I.

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