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Mois du patrimoine : Le patrimoine immatériel mis en avant dans plusieurs wilayas

L’ouverture du mois du patrimoine, qui célèbrera le patrimoine national du 18 avril au 18 mai 2022, a donné lieu à l’organisation de diverses rencontres, expositions et évènements au niveau de plusieurs, focalisés sur la préservation du patrimoine local et le patrimoine immatériel.

C’est le cas dans la wilaya de Sétif où une conférence a été organisée, lundi, à la maison de la culture Houari Boumediene, à l’occasion de l’ouverture du mois du patrimoine. La rencontre a été une occasion pour les participants pour appeler à la nécessaire préservation du patrimoine immatériel. À l’unanimité, les participants ont affirmé que le patrimoine immatériel constitue un héritage important en rapport avec l’identité historique et l’espace géographique, qu’il s’agit de recenser et sauvegarder dans des banques de données locales et nationales. De l’avis de tous les participants, tout un chacun doit œuvrer à préserver ce patrimoine « sensible », notamment les anthropologues, les sociologues, les associations activant dans le domaine. Et, cela relève du rôle des chercheurs et des étudiants universitaires. La rencontre a également été une occasion pour appeler aussi à élargir les recherches sur ce sujet en coordination avec les universités et consacrer les mémoires de fin d’études et les thèses sur les questions liées au patrimoine afin de le préserver pour les générations futures. Au cours de la même rencontre il été a relevé, en outre, que la préservation du patrimoine immatériel constitue une préservation de la diversité culturelle face à une mondialisation galopante, au-delà, il s’agit de favoriser le dialogue interculturel et le respect de modes de vie différents. D’autres participants, ont souligné l’intérêt pour la préservation du patrimoine immatériel qui, selon eux, reste inférieur à celui accordé à la préservation du patrimoine matériel. À cet effet, ils ont appelé à protection des traditions vestimentaires de la région de Sétif, car elles constituent, selon les participants, un pan de la culture et de l’identité, et un trait d’union entre les générations. Une préservation qui nécessite un travail de sensibilisation au concept de patrimoine immatériel par l’organisation d’ateliers d’initiation des citoyens à ce type de patrimoine identitaire et culturel, en vue de le valoriser et le préserver contre l’extinction. D’où l’accent qui a été mis sur le rôle de l’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels protégés dans la protection et la valorisation du patrimoine culturel à l’échelle locale et nationale.

Dans la wilaya de Bouria, des linguistes et des chercheurs ont souligné lundi soir lors d’une conférence-débat organisée au théâtre Amar El Askri de la ville de Bouira, le rôle de l’œuvre de l’écrivain et anthropologue Mouloud Mammeri, dans la sauvegarde du patrimoine immatériel national. Au cours de cette conférence organisée dans le cadre de la célébration du mois du patrimoine (18 avril-18 mai), à laquelle a assisté un public nombreux, des chercheurs et des linguistes ont mis en exergue « le grand apport » des œuvres de Mouloud Mammeri dans la sauvegarde et la préservation du patrimoine culturel immatériel à travers une série d’écrits sur les us et les traditions et autres aspects culturels en Algérie.

« L’écrivain Mouloud Mammeri était un précurseur dans la préservation et la valorisation du patrimoine immatériel qui est primordial pour toute civilisation humaine », a souligné l’archéologue et chercheur en culture et langue amazighe, Hamid Bilek. A travers ses œuvres comme l’Ahellil du Gourara (1984), les poèmes kabyles anciens (1980), la colline oubliée (1952) et l’Opium et le bâton (1965), l’auteur « a pu réhabiliter l’âme de l’Algérien, à savoir le patrimoine culturel immatériel » a-t-il dit en rappelant que l’Algérie est le premier pays à avoir ratifié en 2004 la convention de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine immatériel. Pour le même intervenant, les langues maternelles constituent aussi un vecteur principal dans la préservation de ce patrimoine immatériel. « La langue maternelle constitue un élément fondamental dans la préservation de ce legs. Beaucoup de toponymes donnés au sites et aux villes du pays racontent la civilisation, l’histoire et l’origine de toute une nation », a expliqué l’orateur.` « L’Algérie dispose de plusieurs sites classés par l’Unesco comme patrimoine matériel universel comme Timgad, Tassili Nadjer, mais elle jouit aussi et surtout d’un patrimoine culturel immatériel considérable comme l’Ahellil du Gourara qui est devenu universel », a-t-il rappelé. À Tiaret, la place Mohamed Boudiaf, au centre-ville de Tiaret a abrité, dans la soirée du lundi, la cérémonie d’ouverture du mois du patrimoine, avec l’installation d’une tente, dédiée à la poésie « malhoun », où un certain nombre de poètes ont enchanté le public avec leurs poémes. Les poètes, à l’instar de Mohamed Beldjouher, Baghdadi Maâradj, Hatem Abed et Gharbi Amel, entre autres, ont clamé des poèmes glorifiant la patrie et chantant les exploits des ancêtres et le patrimoine diversifié, associé aux coutumes et traditions de chaque région de la région de Tiaret. Le poète Baghdadi Maâradj a indiqué à l’APS que cette manifestation œuvre à valoriser le patrimoine matériel et immatériel chez le citoyen, notamment auprès des jeunes, en leur rappelant les valeurs et qualités intrinsèques de leurs ancêtres. Il a également relevé un engouement des citoyens et un penchant chez les jeunes pour ce patrimoine immatériel lors de ses tournées nationales.

À Oran, une exposition sur le patrimoine immatériel, ouverte mardi au musée public national « Ahmed Zabana » d’Oran met en avant l’histoire de la troupe de chant féminin « Medahattes », qui a donné une touche populaire particulière au Madih et à la chanson dans les mariages. Cette exposition, organisée à l’occasion du mois du patrimoine pour les visiteurs, notamment la jeune génération, est une fenêtre sur l’histoire des troupes musicales du patrimoine, dont les « Medahattes » dont le chant se limitait, au début, au Madih. Ensuite, ce genre fut invité à célébrer les mariages avec l’utilisation de certains instruments de musique, dans une ambiance considérée comme faisant partie du patrimoine immatériel national. D’après les textes présentés dans cette manifestation organisée par le même établissement muséal, l’une des premières pionnières de ce type d’art populaire est cheikha Kheira Sessahia, décédée en 1940, originaire de Mostaganem et vivant à Oran, où elle interprétait des chansons qu’elle a elle-même composées, à l’instar de « Sidi El Houari » et « Moul El-Meida » et d’autres chansons tirées de poèmes du Melhoun. A l’occasion du mois du patrimoine, organisé sous le slogan « Notre patrimoine immatériel, identité et authenticité », d’autres textes présentant le patrimoine immatériel de différentes wilayas du pays ont été présentés, dont la troupe « Ahalil » qui fait partie du patrimoine poétique et des chansons de la région de Gourara, « Sbouaa de Timimoun », la fête de « Sbiba » de Djanet et l’instrument « Imzad », ainsi que « maarif de Kiyali lma » des fouggaras et « rakb Sidi Cheikh » (El Bayadh).

Sofia Chahine

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