DébatsL'éditorial

Une juste lutte contre la corruption

Le processus de création de la Haute Autorité de transparence et de lutte contre la corruption, instituée par la Constitution de novembre 2020, touche à sa fin. Le texte fixant la composition et les missions de la nouvelle instance vient d’être publié. Il ne reste plus qu’à installer ses membres et finaliser quelques textes d’application pour que la nouvelle autorité, voulue totalement indépendante, entre enfin en fonction en aboutissement du processus de moralisation de la vie publique. Il est vrai qu’à la lecture du texte, il est clair que l’instance chargée de promouvoir la culture de la transparence et consolider le dispositif de lutte contre la corruption disposera de larges prérogatives, notamment en ce qui concerne les investigations sur les signes extérieurs de richesse des agents publics. Or, ce qui devrait aussi retenir l’attention, c’est le rôle que la Haute Autorité doit jouer dans la prévention et la dénonciation des actes de corruption en servant d’interlocuteur pour les lanceurs d’alerte. Des lanceurs d’alerte dont elle aura la charge d’assurer la protection. 

Si cela arrive à se concrétiser, la création de cette instance permettra une avancée notable en matière de lutte contre la corruption. Car, elle sera le principal outil susceptible de garantir l’équilibre entre les impératifs de lutte contre la corruption et de la nécessité de mettre fin à l’impunité d’une part et l’exigence de protéger les cadres de l’État et les agents publics des dénonciations calomnieuses, d’autre part.  Car il faut reconnaître une réalité. Malgré les instructions du président de la République qui a ordonné instamment et fermement aux services de sécurité et aux instances judiciaires de mettre fin aux lettres anonymes, malgré le fait qu’il ait publié une instruction à ce propos, la réalité est toute autre sur le terrain, notamment au niveau local. Le phénomène des dénonciations anonymes continue à alimenter un climat de défiance qui risque à terme de compromettre la bonne marche des programmes de développement local, dans la mesure où on continue encore à prendre en considération les lettres anonymes. Beaucoup penseraient à une volonté manifeste de nuire mue par les résidus de la Issaba. Or, la problématique est plus profonde, dans la mesure où le phénomène est lié à une certaine culture de l’informel et de l’opacité à laquelle il faudrait mettre fin. En ce sens, la Haute Autorité de transparence peut jouer un rôle primordial.

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