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Sahara occidental : Près de 50 civils ciblés par l’armée marocaine en 24 mois

Près de 50 civils de différentes nationalités ont été ciblés par des attaques lancées par les forces de l’occupation marocaines, depuis le retour à la guerre au Sahara occidental occupé, en novembre 2020, indique le Bureau sahraoui de coordination de la lutte anti-mines (SMACO). Selon les enquêtes publiées récemment par le SMACO, « l’armée de l’occupation marocaine a lancé plus de 27 attaques ciblant environ 49 civils et ayant fait des morts et des blessés de différentes nationalités. Les personnes ciblées étaient des voyageurs, des commerçants, des chercheurs d’or, des nomades ou des éleveurs ». D’après cet organisme, l’occupant marocain a « intentionnellement bafoué les principes de distinction, de proportionnalité avec dédain en ne distinguant pas les objectifs militaires (des civils), en blessant et en tuant des civils, avec impunité et sans condamnation de la part de la Communauté internationale, (ni celle du) Conseil de sécurité ou de la mission de l’ONU au Sahara occidental ». Tout cela, souligne la même source, encourage l’armée marocaine à commettre « davantage de meurtres et de violations des droits humains au Sahara occidental. Cela est particulièrement évident au vu du choix des cibles et de leurs emplacements». Il est relevé que sur le nombre total de raids enregistrés contre des civils, 7% ont eu lieu au cours des derniers mois de 2020, soit quelques semaines seulement après la reprise de la guerre, tandis que 77% des bombardements ont eu lieu au cours de l’année 2021, et pour l’année en cours, 2022, le nombre d’attaques à l’aide de drones représente environ 14% du total des attaques. Ces raids aériens ont été menés par des drones marocains, ciblant différentes zones géographiques, fait savoir le SMACO. Ainsi, ajoute l’organisme, 67,5% des attaques de drones ont eu lieu dans les zones frontalières entre le Sahara occidental et la Mauritanie. Des attaques « visant à couper la communication entre les familles et les individus, à entraver les échanges commerciaux et à (…) créer des obstacles et des doutes sur la possibilité (de mener des) échanges commerciaux entre les pays de la région ». Ces attaques, poursuit la même source, ont pour but aussi de « semer la terreur et le désespoir chez les habitants civils dans les zones ciblées ».

Assassinats et impunité

Quant aux victimes décédées, plus de 60% sont sahraouies, 14,5% sont mauritaniennes, le reste appartenant à d’autres nationalités. Certaines victimes ont été découvertes en état de décomposition et d’autres ont été calcinées, selon des sources officielles citées par le bureau. Quant aux blessés recensés, 78,5% étaient de nationalité sahraouie et 21,42 %, de nationalité mauritanienne. Concernant les pertes matérielles, bien qu’«aucune statistique définitive n’ait été établie à ce jour », affirme l’organisme anti-mines, « les drones marocains ont ciblé des installations et des infrastructures civiles, des projets humanitaires (…) des écoles, des sources d’eau, des installations et des magasins privés ». Aussi, poursuit-il, « toutes les attaques de drones menées par l’armée marocaine contre des civils se sont déroulées en terrain découvert », où il est très facile de distinguer les militaires des civils.

D’autre part, « ces attaques ont eu lieu dans des zones reculées, (situées) à plusieurs kilomètres du mur (de sable) marocain, et (dont le but n’était manifestement pas) la protection des forces marocaines », soutient l’organisme assurant que les cibles visées « ne représentaient aucune menace pour eux ». Le SMACO s’interroge, par ailleurs, quant à la possibilité de classer officiellement ces crimes dans la catégorie des « crimes contre l’humanité qui menacent la paix et la sécurité internationales et sapent les efforts de paix ». L’agression militaire menée le 13 novembre 2020 par les forces marocaines à Guerguerat, au sud ouest du Sahara occidental,  où des civils sahraouis manifestaient pacifiquement pour réclamer la fermeture définitive de la brèche illégale créée dans le mur de sable, a entraîné la violation du cessez-le-feu et déclenché une guerre qui fait toujours rage aujourd’hui.

L’Afrique du Sud critique le silence du HCDH

Sur un autre plan, l’ambassadeur d’Afrique du Sud à Genève, Mxolisi Nkosi, a critiqué le mutisme du Haut commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme (HCDH), concernant la situation humanitaire au Sahara occidental occupé, appelant à accorder une attention particulière au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Le représentant permanent d’Afrique du Sud auprès de l’ONU à Genève s’exprimait au nom du Groupe de soutien de Genève au peuple du Sahara occidental devant la plénière de la 51e session du Conseil des droits de l’Homme onusien.  « Cela fait presque deux ans que le conflit armé a repris au Sahara occidental et le bureau du Haut commissariat garde le silence sur les violations des droits de l’Homme », a lancé l’ambassadeur sud-africain lors de sa déclaration. « Nous réitérons l’appel au Conseil des droits de l’homme d’accorder une attention particulière aux droits humains du peuple sahraoui, notamment celui à l’autodétermination», a-t-il soutenu.

Félicitant Volker Türk pour sa nomination comme nouveau haut commissaire aux droits de l’Homme, M. Nkosi l’a invité à faire le point sur la situation au Sahara occidental occupé et à prioriser ce conflit durant son mandat. L’ambassadeur d’Afrique du Sud a exprimé sa préoccupation quant à l’utilisation illégale de drones par les forces d’occupation marocaines contre des civils sahraouis ainsi que la répression dont ils sont victimes. Il s’est également dit profondément préoccupé par les entraves que le royaume du Maroc dresse à l’envoyé personnel du SG de l’ONU dans sa mission, qui ont conduit à l’annulation de sa visite prévue dans les régions occupées du Sahara occidental en juillet dernier. «Encore une fois nous appelons les autorités marocaines à respecter les résolutions internationales concernant le territoire non-autonome du Sahara occidental et la volonté du peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination et à l’indépendance», a-t-il affirmé.

K.L. et agences

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