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Les céréales comme enjeu du redéploiement russe en Afrique

La suspension de l’accord céréalier, le 17 juillet en cours, a suscité de nombreuses inquiétudes en ce qui concerne la sécurité alimentaire mondiale et notamment en Afrique. Des inquiétudes aggravées par l’annonce récente de la suspension des exportations indiennes de riz. L’approvisionnement céréalier du continent sera d’ailleurs au cœur des discussions lors du Sommet Russie-Afrique qui s’ouvre demain à Saint Petersbourg.

Les céréales seront donc le fer de lance du redéploiement russe en Afrique et de la consolidation du partenariat, lequel touchera à des domaines très variés, de la défense à la culture, en passant par le développement spatial, l’énergie nucléaire, les hydrocarbures et les minéraux stratégiques, ainsi que le commerce et la formation. D’ailleurs, la création de corridors logistiques et de hubs pour l’approvisionnement du de l’Afrique en céréales et engrais russes est à l’ordre du jour du sommet. Une question qui devient centrale depuis la suspension de l’accord céréalier. Un accord duquel la Russie de se retirer momentanément, en estimant que ce dernier n’a pas atteint ses objectifs, soit l’approvisionnement des pays les plus vulnérables en céréales. Dans ce sens le président russe, Vladimir Poutine avait indiqué au mois de mars derniers que sur les 33 millions de tonnes de céréales, essentiellement ukrainiennes exportées grâce à cet accord seuls 3 millions ont atteint l’Afrique, dont à peine 1,3 millions de tonnes les pays les plus vulnérables. L’ONU pour sa part a indiqué que seulement 40% du blé exporté et 10% du maïs ont été dirigés vers des pays en développement, tandis que la plus des céréales exportées ont bénéficié aux pays développés. Moscou a également critiqué le fait que les clauses de l’accord relatives à l’exportation des engrais et céréales russes n’ont jamais été appliquées. Situation à laquelle le Kremlin entend remédier en empruntant d’autres voies.  Ainsi un haut responsable de la diplomatie russe a indiqué à l’agence de presse russe Sputnik que des discussions sont prévues au cours de ce Sommet sur  la création de couloirs logistiques, de hubs non seulement pour la [fourniture] de nourriture et d’engrais, mais aussi pour tout autre produit fabriqué en Russie.

Aussi et à quelques jours de l’ouverture du Sommet de Saint Pétersbourg, Vladimir Poutine  a publié un article consacré aux relations Russie-Afrique, où il a noté l’importance de l’approvisionnement alimentaire pour le développement social et économique et la stabilité politique des États africains. Il s’est dans ce sens engagé d’ »œuvrer énergiquement pour organiser les livraisons de céréales, d’aliments, d’engrais en Afrique, sans s’y limiter », malgré les sanctions occidentales.

Il a rappelé dans ce sens la Russie a exporté en 2022 11,5 millions de tonnes de céréales et presque 10 autres millions de tonnes pendant les six premiers mois de l’année en cours vers l’Afrique.

Samira Ghrib

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