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Explosions nucléaires de Reggane et In Ikker : Un crime imprescriptible

La célébration de la Journée mondiale de lutte contre les essais nucléaires est une occasion de réitérer l’appel à cesser ces essais. En Algérie, c’est l’occasion de se remémorer un crime colonial que la France officielle refuse de reconnaître : les explosions nucléaires de Reggane et d’In Ikker, dont les effets continuent à se faire sentir à ce jour.

Le monde a célébré hier la Journée internationale contre les essais nucléaires  initiée par l’Organisation des Nations unies. C’est le 2 décembre 2009, lors de sa 64e session l’Assemblée générale de l’ONU a proclamé le 29 août Journée internationale contre les essais nucléaires. Une résolution, la 64/35, a été adoptée à l’effet d’appeler à sensibiliser les citoyens « aux effets des explosions expérimentales d’armes atomiques et autres explosions nucléaires et à la nécessité d’y mettre fin, en tant que moyen parmi d’autres de parvenir à l’objectif d’un monde sans armes nucléaires ».

L’Algérie qui a été à le théâtre de pas moins de 17 essais nucléaires opérés par la France du 13 février 1960 à 1966 dans la région de Reggane et In Ikker, dans le Sahara algérien et connus sous le nom de code « Gerboise bleue » continue à exiger de l’ancien colonisateur d’assumer ses responsabilités. La question continue à faire parler d’elle. Celle-ci demeure d’ailleurs parmi les revendications algériennes exigeant de la France d’assumer ses responsabilités, d’identifier et décontaminer les sites d’enfouissement des matériaux radioactifs. Il est aussi question de prendre en charge les victimes des effets de radiation résultant de ces essais. Ces crimes considérés comme « imprescriptibles » viennent de faire l’objet, lundi, d’un communiqué du Conseil national des droits de l’Homme à travers lequel le CNDH affirme que les essais nucléaires français au Sahara algérien resteront à jamais des crimes imprescriptibles engageant une « responsabilité juridique ». A l’occasion de la Journée internationale contre les essais nucléaires le CNDH a souligné que les explosions réalisées par la France coloniale au Sahara algérien avaient entraîné « la destruction et l’annihilation de l’homme, de la nature et de l’environnement ». Les autorités françaises ont décidé de faire du Sahara algérien le théâtre des essais de la bombe nucléaire « en prétendant, à la tribune de l’ONU, qu’il s’agissait d’une zone inhabitée », a rappelé l’organisme consultatif, évoquant les répercussions de ces explosions dont continuent de souffrir, à ce jour, les petits-enfants des victimes. « Toutes les circonstances ayant entouré ces explosions nucléaires et l’ampleur des effets des radiations qui en ont résulté sur la population de la région ne font aucun doute sur le caractère intentionnel et prémédité de ce crime », a martelé le CNDH, soutenant qu’« il s’agit d’un crime imprescriptible qui engage une responsabilité juridique ». « Il est plus évident que jamais que le dossier de la mémoire doit continuer à être brandi face à quiconque songerait à l’occulter », a insisté le CNDH, soulignant que « les essais nucléaires, en particulier, demeureront à jamais des crimes imprescriptibles, dont les séquelles ne sauraient être réparées par une quelconque indemnisation, aussi importante soit-elle ». Cela étant, « l’espoir subsiste quant à l’atténuation des effets de cette catastrophe, à la faveur d’une recherche approfondie permettant de traiter ce phénomène », a estimé l’organisme consultatif, expliquant qu’« il ne s’agit pas seulement d’octroyer des indemnisations adéquates et d’apporter un soutien psychosocial aux victimes de ces crimes coloniaux odieux, mais aussi d’employer les méthodes scientifiques pour trouver des solutions adaptées aux problèmes environnementaux qui exigent une décontamination totale ».

Chokri Hafed

Encadré

ONU : Réitérer les appels à mettre fin aux essais nucléaires

Le monde a célébré mardi la Journée internationale contre les essais nucléaires, une occasion pour réitérer les appels à mettre fin à cette pratique destructive héritée du passé afin de parvenir à l’objectif d’un monde sans armes nucléaires, selon l’ONU. Le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, bien qu’il ne soit pas encore entré en vigueur, « continue d’attester avec force la volonté de l’humanité de dissiper une fois pour toutes la menace d’un anéantissement de notre monde par l’arme nucléaire », souligne le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, réitérant son appel aux pays qui ne l’ont pas encore ratifié à le faire « immédiatement et sans conditions ». Dans son message à l’occasion de cette Journée internationale contre les essais nucléaires, célébrée le 29 août de chaque année, M. Guterres a qualifié d' »étape primordiale dans notre quête d’un monde exempt d’armes nucléaires », l’interdiction juridiquement contraignante de tous les essais nucléaires. Plus de 2.000 essais nucléaires ont causé « d’effroyables souffrances humaines » depuis 1945, ajoute le chef de l’ONU. Ils ont « empoisonné l’air que nous respirons et ravagé des paysages dans le monde entier ». Avec un stock mondial de près de 13.000 armes nucléaires, dont des pays s’emploient à améliorer la précision, la portée et la puissance destructrice, « nous sommes sûrs d’aller vers l’anéantissement », prévient encore le SG de l’ONU.

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