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Soudan : L’ONU avertit contre l’augmentation de la violence

La situation s’aggrave au Soudan secoué par un conflit armé depuis une année. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a mis en garde contre une « augmentation de la violence, tandis que la famine affecte la population.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a mis en garde hier à l’occasion du premier anniversaire du déclenchement du conflit entre les forces régulières et les FSR contre une « augmentation de la violence » au Soudan, un an après le déclenchement du conflit opposant l’Armée et les Forces de soutien rapide (FSR). Il a souligné que « le peuple soudanais est la cible d’attaques aveugles à motivation ethnique dans des zones densément peuplées et qu’il est soumis à des souffrances indicibles ». Le responsable onusien a souligné les « immenses souffrances » des civils au Soudan et déclaré que l’exposition des civils à de nouvelles violations constitue « un risque inquiétant alors que la crise humanitaire s’étend à travers le pays ». Le commissaire de l’ONU a souligné la nécessité de « mettre fin au conflit au Soudan, de trouver une solution pacifique à la guerre en cours et de réduire le nombre de parties armées au lieu de l’augmenter ». Il a souligné que 18 millions de personnes au Soudan, dont 14 millions d’enfants, sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë et que plus de 70 % des hôpitaux du pays sont hors service, dans un contexte d’augmentation des maladies infectieuses. Depuis le 15 avril 2023, le Soudan est le théâtre d’affrontements meurtriers entre l’armée et les Forces de soutien rapide.  De son côté, le chef du bureau d’aide humanitaire des Nations Unies (OCHA) au Soudan, Justin Brady a dénoncé que « les souffrances risquent de s’aggraver », avant d’ajouter que 25 millions de personnes ont un besoin urgent d’assistance et que le pays est désormais menacé par la famine. « Sans plus de ressources, non seulement nous ne pourrons pas arrêter une famine, mais nous ne pourrons aider pratiquement personne », a-t-il déclaré, signalant que « la plupart des rations que les gens reçoivent du Programme alimentaire mondial (PAM) sont déjà réduites de moitié, nous ne pouvons donc pas en tirer davantage pour essayer de faire fonctionner cette opération ». Et de souligner encore: « Les conditions difficiles sur le terrain ont atteint un niveau d’urgence peu après que les forces armées soudanaises et les forces de soutien rapide ont lancé des attaques aériennes et terrestres à la mi-avril 2023 ». « Cette vague de violence continue de déferler à travers le pays aujourd’hui », a poursuivi le responsable onusien. « Nos plus grandes préoccupations concernent les zones de conflit à Khartoum même et dans les Etats du Darfour », a déclaré Justin Brady depuis Port-Soudan, où les efforts humanitaires se poursuivent pour apporter une aide vitale à ceux qui en ont le plus besoin.  Selon l’ONU, l’ensemble de la communauté humanitaire a été contraint de quitter la capitale soudanaise quelques semaines seulement après le début des combats en raison de la situation sécuritaire désastreuse. Alors qu’une récente alerte à la famine montre que près de 18 millions de Soudanais sont confrontés à une faim aiguë, le plan de réponse de 2,7 milliards de dollars pour 2024 n’est financé qu’à hauteur de 6%, a précisé M. Brady. « C’est très mauvais, mais je ne pense pas que nous ayons atteint le fond », a-t-il dit. Pour le responsable humanitaire, le Soudan est souvent qualifié de « crise oubliée », « mais je me demande combien de personnes étaient au courant de cette crise pour pouvoir l’oublier », s’est-il interrogé. En effet, 24 millions d’enfants ont été exposés au conflit et un chiffre stupéfiant de 730.000 enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère, a déclaré à ONU, Jill Lawler, cheffe des opérations sur le terrain au Soudan pour le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé à un cessez-le-feu pendant le mois sacré du ramadhan, qui s’est terminé la semaine dernière, les combats se poursuivent, a noté M. Brady. La directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Cindy McCain a souligné que la situation au Soudan est « presque catastrophique ». Le Soudan « pourrait bien être la plus grande crise alimentaire jamais connue », a estimé Mme McCain. Par ailleurs, Cindy McCain a demandé aux parties au conflit de laisser l’accès au territoire soudanais aux humanitaires, qui ne peuvent selon elle atteindre « 90% de la population ». « Lorsque nous commençons à nous demander s’il y a, ou non, la famine, la vérité est que nous ne le savons pas parce que nous ne pouvons pas y accéder, a-t-elle insisté. Il est donc très important pour nous d’obtenir un accès sûr et sécurisé » aux bénéficiaires. Une conférence humanitaire internationale sur le Soudan s’est ouverte lundi à Paris pour récolter des aides en faveur de ce pays miné par la guerre. (APS)

Le conflit a fait environ 13 900 morts et plus de 8,5 millions de déplacés et de réfugiés, selon les Nations Unies.

R.I.

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