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Adhésion de la Palestine à l’ONU : Levée de bouclier contre le véto américain

Le véto américain contre le projet de résolution présenté par l’Algérie au Conseil de sécurité recommandant une adhésion de la Palestine en tant qu’État à part entière à l’ONU suscite de vives réactions tout comme la persistance de l’administration Biden à soutenir et défendre les intérêts de leur allié israélien et qui suscitent un sentiment de profonde colère. Hier le ministre chinois des Affaires étrangères a démonté les arguments US soulignant l’urgence de réparer l’injustice faite aux Palestiniens et estimant que l’adhésion de la Palestine ne doit pas suivre de négociations de paix mais y être un préalable, tandis que le président palestinien Mahmoud Abbas a indiqué hier que l’Autorité palestinienne reconsidérait ses relations avec Washington après ce véto.

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a déclaré hier lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre des Affaires étrangères de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Justin Tkatchenko que l’adhésion immédiate de l’État de Palestine à l’ONU était une étape pour corriger une injustice historique de longue date. Et d’ajouter : « L’adhésion de la Palestine aux Nations Unies est un engagement international qui doit être respecté par chaque État membre de l’organisation. » Le chef de la diplomatie chinoise a souligné que l’adhésion à part entière de la Palestine aux Nations Unies ne devrait pas résulter de négociations israélo-palestiniennes, mais plutôt comme une condition préalable accordée à la Palestine pour participer aux négociations, ce qui constitue une étape majeure vers la réalisation de la solution à deux États. « La communauté internationale éprouve un profond mécontentement et une profonde déception à l’égard des États-Unis, dans le contexte de leur récent recours au droit de veto pour priver la Palestine de sa pleine adhésion aux Nations Unies,» a-t-il poursuivi.

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a de son côté déclaré hier dans un entretien avec l’agende de presse palestinienne Wafa que l’utilisation par les Etats-Unis de leur veto au Conseil de sécurité de l’ONU contre le projet de résolution présenté par l’Algérie, est « décevant est irresponsable » et que cela « constitue une violation flagrante des droits du peuple palestinien, son histoire, sa terre et ses lieux saints ». « Alors que le monde s’unit pour appliquer le droit international et se tenir aux côtés des droits palestiniens, les Etats-Unis continuent de soutenir l’occupation, refusent toujours d’obliger (l’occupant sioniste) de mettre fin à la guerre de génocide (à Ghaza), leur fournissent les armes et l’argent avec lesquels ils tuent les enfants, détruisent les maisons, et se dressent contre les Palestiniens dans les fora internationaux dans des positions qui ne servent pas la sécurité et la stabilité de la région et du monde », a déploré M. Abbas. Et de poursuivre:  » Le président Abbas a, en outre, souligné que l' »administration américaine actuelle n’a pas seulement renoncé à ses promesses et à ses engagements, mais a également permis à (l’occupant sioniste) d’affaiblir l’Autorité nationale palestinienne, en restant silencieuse sur le vol des fonds du peuple palestinien… ». Il a également tenu à préciser que les positions hostiles de l’administration Biden « ont créé une colère sans précédent chez le peuple palestinien et les peuples de la région, ce qui pourrait pousser la région vers plus d’instabilité, renforcer le chaos et le terrorisme ». Le chef de l’Etat palestinien a ainsi mis en garde contre « la poursuite de la guerre de génocide contre le peuple palestinien, qui coïncide avec une campagne féroce contre l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), visant à causer une famine ». « La direction palestinienne va reconsidérer les relations bilatérales avec les Etats-Unis afin de garantir la protection des intérêts de notre peuple, de notre cause et de nos droits », a conclu M. Abbas

Le rôle de l’Algérie salué

Notons par ailleurs que l’ambassadeur de l’Etat de Palestine en Algérie, Fayez Abu Aïta, a salué, dans un communiqué, « le rôle de chef de file » de l’Algérie au Conseil de Sécurité en faveur de l’adhésion pleine et entière de la Palestine à l’ONU, qualifiant le vote de 12 pays, jeudi, en faveur du projet de résolution présenté par l’Algérie de « grande victoire » pour la cause palestinienne. Rappelons que l’État de Palestine est reconnu par 139 pays, tandis que plusieurs pays ont affiché leur intention de le faire dans les prochaines semaines, à l’image de l’Irlande, de l’Espagne, de la Slovénie, de la Norvège et de l’Australie. Hier, le gouvernement de la Barbade, pays des Caraïbes, a annoncé sa reconnaissance de l’État de Palestine. La ministre des Affaires étrangères de la Barbade, Kerry Symonds, a déclaré samedi dans un communiqué avoir décidé de reconnaître l’État de Palestine.  »Comment pouvons-nous dire que nous voulons une solution à deux États sans reconnaître l’État de Palestine ? », s’est interrogée Symonds.

Chokri Hafed

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