Économie

Réunion demain de l’OPEP+: Vers un prolongement des coupes volontaires de la production

L’OPEP+ qui regroupe les pays de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole et des alliés tels que la Russie devrait se réunir demain pour décider de sa stratégie de production. Une réunion qui risque d’aboutir à un maintien des coupes volontaires de la production de pétrole dans un contexte de baisse des cours du brut sur les marchés, souligne l’agence de presse britannique Reuters.

Selon la même source, les pays membres de l’OPEP+ pourraient prolonger les récentes réductions volontaires de production de pétrole décidées par certains pays jusqu’à la fin du premier trimestre 2025, expliquant que cette décision vise à fournir un soutien supplémentaire au marché pétrolier au moment où les prix mondiaux du pétrole oscillent entre 70 et 80 dollars le baril et la demande pétrolière mondiale ralentit tandis que l’offre augmente en dehors du groupe.

Plus explicite, l’agence “Reuters” rappelle que l’OPEP+, qui représente environ la moitié de la production pétrolière mondiale, avait initialement prévu de lever progressivement ses réductions d’ici 2025. Cependant, le ralentissement de la demande mondiale et la hausse de l’offre en dehors du groupe compliquent ces plans et pèsent sur les prix du pétrole. 

Continuant dans le même sens, cette agence citant des sources du groupe ayant requis l’anonymat a estimé qu’il est probable que cette réduction soit prolongée pour le premier trimestre alors qu’une autre source a indiqué qu’une prolongation plus longue, sur six mois, semblait improbable.

Ceci dit, le prix du Brent, référence mondiale du pétrole brut, est resté principalement dans une fourchette de 70 à 80 dollars le baril cette année. Mardi, il s’échangeait à plus de 72 dollars le baril, après avoir atteint un plancher à moins de 69 dollars en septembre et ce malgré les réductions de production mises en œuvre par le groupe (OPEP+).

Selon John Evans, analyste chez le courtier pétrolier PVM, la probabilité d’une prolongation des réductions de l’OPEP au premier trimestre est pratiquement intégrée dans les prix du pétrole, rappelant au passage que les pays membres de l’OPEP+ retiennent actuellement 5,86 millions de barils par jour (bpj), soit environ 5,7 % de la demande mondiale, à travers une série de mesures décidées depuis 2022 pour soutenir le marché.  Et d’ajouter : “une augmentation de production de 180 000 bpj – une fraction du total – était initialement prévue en janvier pour les huit membres participant à la récente réduction de 2,2 millions bpj. Toutefois, cette hausse a été reportée depuis octobre en raison de la baisse des prix”.

Par ailleurs, l’agence “Reuters” a révélé que des discussions de haut niveau au sein de l’OPEP+, en amont de la réunion qui devait initialement se tenir le 1er décembre, se sont concentrées sur la durée du report de cette augmentation de production, citant à titre indicatif, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane qui s’est rendu aux Émirats arabes unis dimanche, selon l’agence de presse saoudienne, marquant sa première visite dans le pays en trois ans, afin de régler une question relative à une augmentation de production de 300 000 bpj pour les Émirats arabes unis, décidée en juin et prévue pour janvier 2025. Celle-ci devrait être mise en œuvre progressivement, mais les Émirats souhaitent qu’elle soit maintenue.

La semaine dernière, le ministre de l’énergie saoudien, le prince Abdulaziz ben Salmane a eu, également, un entretien téléphonique avec le vice-Premier ministre russe Alexander Novak et le ministre kazakh de l’énergie Almasadam Satkaliyev lors d’une visite officielle au Kazakhstan au moment ou des discussions ont également eu lieu à Bagdad la semaine dernière entre l’Irak, l’Arabie saoudite et la Russie.

En outre, Jason Schenker, économiste, auteur, conférencier principal, et futuriste a relevé que les prix du pétrole subissent une pression en raison des taux d’intérêt élevés, de la force du dollar et de la production pétrolière record des États-Unis, soulignant que l’OPEP et ses alliés ont réduit leur production et pourraient prolonger ces réductions.

La réunion de l’Opep + intervient, souligne-t-il, dans un contexte difficile pour les producteurs de pétrole, avec plusieurs facteurs pesant sur les prix notamment les taux d’intérêt élevés, un Dollar fort, la faible activité manufacturière mondiale et une croissance économique mondiale timide. A cela s’ajoute, la situation économique fragile dans les pays de l’OPEP qui ne voient pas d’un bon œil une baisse prolongée des prix du pétrole sur le marché international, conjuguée avec une incertitude sur les perspectives de la demande pétrolière mondiale.

Last but not least, les attentes d’une augmentation future de la production de pétrole brut aux États-Unis sont significatives, car la production américaine a déjà atteint un niveau record en 2024, sachant qu’une offre accrue pourrait exercer une pression à la baisse sur les prix si les taux d’intérêt et la valeur du dollar ne diminuent pas, deux éléments nécessaires pour soutenir la croissance mondiale.

Rappelant que depuis la Déclaration de coopération de décembre 2016, l’OPEP et l’OPEP+ travaillent ensemble, leur collaboration ayant été cruciale pour soutenir les prix du pétrole brut après la pandémie de COVID-19, notant que les réductions volontaires annoncées en avril 2023 et en novembre 2023 doivent être progressivement levées.

Cependant, celles annoncées en avril 2023 ont déjà été prolongées jusqu’en décembre 2025, tandis que celles de novembre 2023 seront levées entre octobre 2024 et septembre 2025 et si l’OPEP+ décide de maintenir ses efforts pour soutenir les prix du pétrole, ces calendriers pourraient être encore étendus alors que les taux d’intérêt élevés continuent de freiner la croissance mondiale et de soutenir la valeur du dollar, deux facteurs clés pesant sur les prix du pétrole brut.

En 2025, Prestige Economics prévoit une hausse des prix moyens du pétrole brut par rapport à 2024, alors que les taux d’intérêt et le dollar devraient diminuer. Cette tendance pourrait se poursuivre en 2026, avec une baisse supplémentaire des taux et du dollar, soutenant davantage les prix.

Hakim Aomar

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