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Escalade des violations des droits humains au Sahara occidental : L’occupation marocaine marocain durcit sa répression

Dans un contexte de tensions croissantes au Sahara occidental, territoire non autonome sous occupation marocaine depuis près de cinquante ans, le Makhzen intensifie la répression contre toute voix dissidente et tout observateur étranger cherchant à documenter la situation sur place.

Une série d’incidents survenus ces dernières semaines illustre cette politique de musellement systématique, rappelant étrangement les méthodes employées par d’autres puissances occupantes, comme l’a récemment souligné le quotidien espagnol El Independiente. Ce dernier n’hésite pas à établir un parallèle direct entre les pratiques du Makhzen et celles de l’entité sioniste, soulignant que « le Maroc, un État colonial, imite les méthodes de l’entité sioniste » et que « la similitude entre le gouvernement d’extrême droite de l’entité sioniste et le Makhzen est frappante. » L’exemple le plus récent de cette politique répressive concerne l’expulsion du secrétaire aux relations internationales de la Confédération générale du travail (CGT) espagnole, David Blanco, qui s’était rendu à Dakhla, ville sahraouie sous occupation marocaine. Selon les médias locaux, Blanco a été placé sous surveillance dès son arrivée avant d’être brutalement expulsé dimanche dernier, les autorités d’occupation marocaines le qualifiant simplement de « personne indésirable ». Son seul tort : avoir rencontré des militants sahraouis qui lui ont décrit « la répression, les enlèvements, la torture et autres barbaries auxquelles les autorités marocaines soumettent le peuple sahraoui. » Le responsable syndical a relaté les conditions dégradantes de son expulsion, ayant été contraint de parcourir plus de mille kilomètres en taxi jusqu’à Agadir, puis abandonné en pleine nuit sans moyen de transport pour rentrer en Espagne. « Ils m’ont laissé allongé à quatre heures du matin à la station de taxis et, littéralement, j’ai dû retrouver ma vie pour revenir, » a-t-il témoigné. Blanco a notamment souligné l’hypocrisie des autorités marocaines qui promeuvent Dakhla comme destination touristique idyllique alors que la ville « cache beaucoup d’histoires tristes du peuple sahraoui. » Cette expulsion n’est pas un cas isolé mais s’inscrit dans une stratégie systématique visant à empêcher toute documentation indépendante des abus commis par les forces d’occupation. En janvier, un journaliste et deux militants avaient déjà été expulsés dans des circonstances similaires, tandis que le 20 février dernier, les autorités marocaines ont refoulé un groupe de députés européens qui tentaient d’entrer à Laâyoune pour observer la situation suite à la décision cruciale de la Cour de justice de l’Union européenne du 4 octobre 2024, qui a invalidé les accords commerciaux entre l’UE et le Maroc incluant le Sahara occidental. Comme le souligne El Independiente, ces refoulements traduisent l’incapacité du régime marocain à justifier son occupation illégale : « Incapable de justifier cette occupation contraire au droit international, le Makhzen invoque fallacieusement des ‘considérations de souveraineté’ et accuse les parlementaires européens d’avoir des ‘agendas biaisés’ favorables au Front Polisario. » Le journal espagnol va plus loin en affirmant que ce discours est « une insulte à l’intelligence et un aveu de faiblesse d’un régime qui sait que, confronté à une enquête objective, son occupation ne résisterait pas à l’examen des faits. » Parallèlement à cette politique de fermeture vis-à-vis des observateurs étrangers, la répression contre les militants sahraouis sur place s’intensifie également. L’Association des familles des prisonniers et des disparus sahraouis (AFAPREDESA) a récemment condamné « avec la plus grande fermeté » l’enlèvement et la torture de l’activiste Breika Bahi à Laâyoune occupée. Selon les témoignages recueillis par l’Instance sahraouie contre l’occupation marocaine (ISACOM), le jeune militant a été kidnappé vendredi dernier par quatre agents en civil alors qu’il quittait le marché municipal. Il a ensuite été emmené à neuf kilomètres de la ville, les yeux bandés et les mains attachées, avant d’être brutalement battu et menacé de mort s’il poursuivait son activisme. L’AFAPREDESA souligne que cette attaque « s’inscrit dans une série de violations systématiques perpétrées par les forces d’occupation marocaines contre les civils sahraouis, dans le but de faire taire toute voix appelant à la liberté et à l’autodétermination » du peuple sahraoui. L’association ajoute que « l’attaque contre Breika Bahi, pour avoir exprimé pacifiquement son opinion, constitue une violation flagrante de la liberté d’expression et des droits humains fondamentaux. » Face à cette escalade répressive, l’AFAPREDESA exige « une enquête immédiate, approfondie et transparente pour faire la lumière sur cet acte odieux et traduire en justice tous les responsables » et appelle à « l’intervention urgente de la communauté internationale, en particulier des Nations Unies, pour mettre fin aux violations au Sahara occidental et envoyer des missions d’enquête pour examiner les crimes commis contre la population civile. » L’association va plus loin en demandant « l’imposition de sanctions contre le Maroc par les gouvernements et les organisations internationales en raison de ses violations répétées des droits de l’homme » et souligne l’importance de « soutenir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, conformément aux résolutions pertinentes des Nations unies. » L’AFAPREDESA met par ailleurs en garde contre les conséquences du silence international : « Le silence de la communauté internationale face à ces crimes encourage les forces d’occupation à poursuivre et à intensifier la répression contre le peuple sahraoui. » Cette analyse rejoint celle du quotidien El Independiente qui affirme que « l’Union européenne et les défenseurs des droits humains doivent cesser de détourner le regard et reconnaître enfin la nature coloniale du régime marocain. Tant que l’occupation perdurera, il ne pourra y avoir ni justice ni paix au Sahara occidental. » Dans ce climat de répression systématique, l’AFAPREDESA affirme sa solidarité avec toutes les victimes de l’occupation marocaine et lance un message de détermination : « L’AFAPREDESA se tient aux côtés de Breika Bahi et de tous les défenseurs des droits humains au Sahara occidental. La voix de la liberté ne sera jamais réduite au silence. » Les événements récents démontrent que le régime marocain semble de plus en plus nerveux face aux décisions juridiques internationales qui contestent sa présence au Sahara occidental et aux témoignages qui documentent ses exactions. Cette nervosité se traduit par un durcissement de la répression, révélant paradoxalement la fragilité des fondements de cette occupation que ni le droit international ni les Nations Unies n’ont jamais reconnue, malgré les manœuvres déployés par Rabat auprès de ses alliés occidentaux.

Lyes Saïdi

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