Électricité : Sonelgaz se déploie en Afrique de l’Ouest
Le groupe énergétique national Sonelgaz affiche ses ambitions continentales et internationales. Le géant énergétique public ne cache plus sa volonté de s’imposer comme un acteur incontournable dans la région, avec une stratégie clairement orientée vers l’export et la coopération transfrontalière. Comme l’indique un communiqué récent du groupe, Sonelgaz prépare actuellement « des réunions de concertation par visioconférence avec des responsables et des opérateurs du secteur de l’énergie au Sénégal, en Guinée-Bissau, en Gambie et au Cap-Vert, afin d’examiner les opportunités de coopération possibles ». Cette initiative, annoncée lors d’une rencontre entre le PDG de Sonelgaz, Mourad Adjal, et l’ambassadeur d’Algérie au Sénégal, Ridha Nebais, s’inscrit pleinement dans « la mise en œuvre des directives des hautes autorités visant à renforcer les relations économiques avec les pays africains, notamment en Afrique de l’Ouest ». Le PDG du groupe a d’ailleurs souligné que « les résultats positifs obtenus par le groupe dans sa coopération avec la société nigérienne d’électricité Nigelec encouragent l’organisation de ces réunions ». Une visite de travail au Sénégal est également en préparation, en coordination avec l’ambassade d’Algérie, qui sera menée par M. Adjal accompagné « d’une délégation composée de cadres du groupe et de responsables de plusieurs entreprises publiques et privées activant dans la chaîne de valeur du secteur énergétique ».
Des performances à l’export
Les performances à l’export de Sonelgaz sont déjà impressionnantes. Selon Khalil Hodna, porte-parole du groupe qui intervenait hier sur les ondes de la Radio algérienne, « le groupe a exporté en 2024 pour 268 millions d’euros d’énergie électrique et d’équipements industriels, soit une augmentation de 22% par rapport à 2023 », avec des perspectives prometteuses d’accroissement à moyen et long terme. Sur le plan technique, Sonelgaz produit des turbines à gaz et à vapeur avec un taux d’intégration dépassant 57%, fabriquées localement par sa filiale « GEAT » en partenariat avec General Electric. Ces équipements, capables d’alimenter un million de foyers selon les normes internationales, sont aujourd’hui « très demandés au Moyen-Orient, en Europe et sur les marchés asiatiques », avec des négociations en cours pour fournir également des pays africains. Au-delà de ces coopérations régionales, Sonelgaz nourrit des ambitions européennes. Le porte-parole a qualifié de « projet du siècle » la future interconnexion électrique sous-marine entre l’Algérie et l’Italie via la Sardaigne, destinée à exporter de l’électricité propre vers l’Europe. Cette initiative s’inscrit dans une vision stratégique où l’Algérie deviendrait « un partenaire stratégique pour les pays méditerranéens », parallèlement au projet ambitieux visant à produire 15 000 mégawatts d’énergies renouvelables d’ici 2035. La coopération avec le Niger illustre parfaitement cette dynamique africaine. Sonelgaz est en phase finale de construction d’une centrale électrique de 40 mégawatts près de Niamey, un « cadeau du président de la République à ce pays voisin ». Initialement prévue pour fin 2025, cette centrale pourrait être livrée dès juin prochain, avec un engagement de Sonelgaz pour « assurer la maintenance et former le personnel nigérien à la gestion de cette installation ». Cette stratégie multidimensionnelle, combinant exportation d’énergie, transfert de technologie et développement d’infrastructures, positionne désormais Sonelgaz comme un acteur énergétique majeur dont l’influence dépasse largement les frontières algériennes.
Sabrina Aziouez
