Céréaliculture : L’Algérie compte porter sa production à 84 millions de quintaux
La campagne de moisson et de battage 2024-2025 témoigne d’une transformation majeure du secteur agricole algérien, marquée par des résultats exceptionnels qui rapprochent le pays de son objectif d’autosuffisance alimentaire. Dans ce sens l’experte et consultante agricole Houda Djaafri, a souligné hier dans un entretien au service multimédias de la Radio algérienne que cette campagne, qui a débuté précocement, s’est distinguée par « un déroulement favorable, notamment dans le Sud « . Les services spécialisés ont mobilisé « environ 1200 machines de récolte au niveau national », permettant d’obtenir « de bons résultats à travers la collecte de différentes récoltes céréalières », renforçant ainsi l’objectif de sécurité alimentaire que poursuit l’Algérie. Comme le souligne l’experte, « l’Algérie aujourd’hui ne recherche pas seulement sa sécurité alimentaire, car elle occupe le premier rang en sécurité alimentaire en Afrique avec un taux de 93,9% pendant trois années consécutives 2020-2021-2022 ».
La stratégie algérienne s’articule autour d’un plan ambitieux visant l’autosuffisance dans les filières stratégiques. « L’Algérie recherche aujourd’hui sa souveraineté alimentaire à travers la réalisation de l’autosuffisance via un plan stratégique comme la culture des céréales et légumineuses », explique l’experte. Cette approche globale se traduit par une extension significative des surfaces cultivées qui ont atteint « 1,23 million d’hectares, dont 40% bénéficient d’irrigation d’appoint ». Cette expansion territoriale s’accompagne d’objectifs de production ambitieux, avec des « prévisions visant à atteindre 84 millions de quintaux ».
Les résultats en termes de rendement témoignent d’une révolution agricole en cours. « Le rendement national moyen a atteint environ 30 quintaux par hectare et a atteint dans le sud du pays 80 quintaux par hectare », précise Houda Djaafri. Cette performance exceptionnelle dans le Sud s’explique par « l’introduction de la mécanisation et des techniques avancées dans le domaine agricole, à l’instar de l’équipement et de l’irrigation pivot, et l’adoption de la méthode d’agriculture intelligente, en plus du facteur expérience ».
Le blé dur, produit emblématique de l’agriculture algérienne, constitue un enjeu particulier dans cette stratégie d’autosuffisance. L’Algérie, historiquement reconnue pour la qualité de son blé dur avec « 170 variétés de ce blé dur », notamment « le blé poulard », ambitionne de retrouver son statut de référence mondiale. L’orge représente un autre axe stratégique, avec un plan d’autosuffisance prévu pour fin 2026. L’extension des surfaces cultivées d’orge à « environ 900.000 hectares » et l’amélioration des rendements qui atteignent « 28 à 30 quintaux par hectare ».
Le développement de l’agriculture saharienne constitue un axe central de cette stratégie. « L’Algérie s’est orientée vers l’exploitation des terres sahariennes où se trouvent les eaux souterraines », explique l’experte. Cette approche audacieuse a permis d’atteindre des rendements exceptionnels, avec « 55 quintaux par hectare » en moyenne dans le sud, et même « 88 quintaux par hectare » dans certaines régions comme Menea. Cette performance remarquable résulte de « l’investissement, de la recherche scientifique, de la mécanisation et de l’irrigation pivot ». Les cultures oléagineuses s’inscrivent également dans cette démarche d’autosuffisance. Le colza, le tournesol et la fève de soja font l’objet d’une attention particulière, avec des investissements en équipements spécialisés et un soutien direct aux producteurs. Ces cultures, essentielles pour réduire la facture d’importation de « 1,2 milliard de dollars » en huiles et matières premières pour l’alimentation animale, bénéficient d’incitations financières significatives. L’assainissement du foncier agricole représente un enjeu crucial pour optimiser cette stratégie. « La terre appartient à celui qui la travaille », rappelle l’experte, soulignant l’importance de confier les terres aux véritables exploitants. Cette réforme, prévue pour fin 2025, devrait libérer le potentiel productif des 70% de terres agricoles encore exploitées selon des méthodes traditionnelles. Sabrina Aziouez