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Annaba : Les promoteurs immobiliers dans le collimateur

Alors que le cahier des charges stipule dans l’une de ses clauses que, le lancement des travaux doit se faire dans un délai maximum de six mois, plusieurs projets de promotion immobilière affichent un retard de plus de sept ans.

Bénéficiaires d’assiettes foncières depuis 2016 pour la réalisation de projets immobiliers, plusieurs promoteurs immobiliers n’ont, à ce jour, engagé aucun projet. Un constat qui n’a pas laissé indifférents pour autant, les autorités locales de la wilaya d’Annaba qui ont décidé de récupérer ce foncier urbain non exploité. En ce sens, on apprend de source interne à la wilaya que le chef de l’exécutif local, Djamel Eddine Berrimi, a donné instruction pour la récupération de ses poches foncières avec l’application de toutes les procédures nécessaires. Selon la même source, le wali d’Annaba a tranché sévèrement dans ces cas d’abus, surtout que l’autre clause du cahier des charges prévoit le retrait du foncier au bénéficiaire qui ne lance pas les travaux dans un délai maximum de six mois. Et de là, ils sont plusieurs promoteurs immobiliers qui, nous dit-on, sont dans la ligne de mire des autorités locales, pour la récupération du foncier urbain non exploité, notamment celui qualifiée de « grande valeur ». C’est le cas dans la daïra d’El-Bouni où une assiette de cinq hectares, attribuée depuis plus d’une décennie et non exploitée, a été ciblée par les autorités locales d’Annaba, afin de faire l’objet d’une récupération. Idem pour plusieurs autres assiettes devant servir à la réalisation de promotions immobilières mais qui n’ont jamais abrité de chantier. Selon la même source, des procédures de récupération du foncier urbain ainsi que des poursuites judiciaires ont été lancées, à l’encontre d’opérateurs immobiliers à la traîne. Cette action anti-mafia du foncier est survenue, rappelle-t-on, suite à une instruction du wali qui a été adressée à ses services demandant de recenser les projets non lancés. Parmi ces derniers, l’on compte douze projets, notamment liés à la promotion immobilière à caractère commercial. Leurs assiettes ont été attribuées dans le cadre du dispositif du Comité d’assistance à la localisation et à la promotion des investissements et de la régulation du foncier (CALPIREF). Établies par la commission technique de wilaya chargée du suivi de ces projets, les conclusions du rapport sont glaçantes. Parmi les projets visités, seul un est en cours de réalisation, il s’agit d’une promotion de 200 lgts à la cité Boukhadra 3 (El Bouni). Le reste des projets n’ont pas encore été lancés, selon le constat de la direction de l’urbanisme et de la construction (DUC) d’Annaba. Or, il est fort décevant de savoir que tous  ces projets promotionnels et pour lesquels des attributions datant de 2016 qui n’ont jamais été lancés, ont été actées. On nous confie qu’il s’agit de trois projets qui totalisent à eux seuls plus de trois hectares. Le premier est situé au bord de la route menant vers Séraïdi et dispose d’une assiette qui avoisine les deux hectares.  Selon une source proche de la DUC, ce projet pour ne pas dire ce promoteur ne dispose même pas de permis de construire. Le dossier a été reporté pour étude par la commission de l’aménagement urbain du bâtiment (CAUB) pour faute d’aménagement, nous dit-on. Donc, depuis l’attribution du terrain de deux hectares en 2016, le promoteur attend que l’état procède à l’aménagement de son site pour qu’il puisse lancer son projet de 350 logements promotionnels. Le second est situé à la cité Zaafrania. Il couvre un terrain de 5000 mètres carrés dont l’attribution remonte aussi à la même date. Le bénéficiaire du terrain ne s’est même pas donné la peine de déposer une demande de permis de construire.  Autre cas similaire, celui d’un promoteur immobilier bénéficiaire d’un terrain dépassant les 6000 mètres carrés, dont les travaux sont encore au point zéro, pour les mêmes motifs. Ainsi, pour une raison ou une autre, et selon notre source, la volonté malveillante semble être pour quelque chose, dans ce retard caractérisé dans le lancement des projets à caractère promotionnel, du moins pour plusieurs d’entre eux. Car, selon certaines sources, et loin de loin de toute bureaucratie, il s’agit de terrains non constructibles. Notamment nous dit-on ceux trouvant sur la route de Séraidi ‘’on se demande comment a-t-on attribué un terrain sur cette route’’, s’est interrogé notre source. « Il s’agit d’une zone touristique et une station balnéaire par excellence, qu’il  faut préserver », a expliqué la même source. Soulignons que, depuis la dernière décennie, la déformation et la destruction de l’environnement de la commune Séraidi se fait au su et au vu de tout le monde mais surtout au sein d’une indifférence démesurée des autorités de l’époque. Séraidi, ce poumon de la ville d’Annaba de part son couvert vert et la densité de ses forêts a été transformé en citadelle de béton. Tout le long des 14 km depuis la ville d’Annaba et jusqu’au centre de la commune en passant par ses forêts, c’est le massacre de la nature et de tout l’écosystème au nom des promotions immobilières. Déception pour les habitants de l’ex-Bugeaud, de la wilaya d’Annaba et de ceux des autres wilayas du pays, qui autrefois s’y rendaient pour vivre le vrai tourisme balnéaire. Dans l’espoir de voir Séraidi reprendre sa vocation initiale de  station balnéaire, on rappelle que de nombreux promoteurs immobiliers sont rattrapés par les radars des autorités locales d’Annaba, qui tentent tant bien que mal de remettre de l’ordre dans cette wilaya où l’anarchie est la principale caractéristique.

Sofia Chahine

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