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Corruption : Les biens des frères Benamor saisis

Les biens des frères Benamor, propriétaires du groupe Benamor, passeront dans le giron du secteur public.Dans le cadre des décisions de confiscation prononcées par la Justice, les biens des frères Benamor dans les wilayas de Guelma et d’Annaba ont été saisis et devraient être transférés vers le secteur public. Il est utile de rappeler dans ce contexte que les propriétaires du groupe agroalimentaire Benamor ont été condamnés définitivement dans de multiples affaires de corruption.  Selon des sources judiciaires, les instances compétentes ont entamé l’exécution des procédures de confiscation et ce, en application de la décision de la sixième chambre pénale près la Cour d’Alger. La mesure a été amorcée suite à la confirmation des peines prononcéespar le pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’Hamed à l’encontre des trois frères Benamor, a  précisé la même source. Celle-ci a souligné que la confiscation concerne tous les biens mobiliers, immobiliers, comptes bancaires, à Annaba et Guelma. Soulignons queles frères Benamor détenaient l’une des plus grosses fortunes du pays. Le groupe Benamor, dont Laid Benamor était le PDG, s’est lancé entre autres  dans la production de la semoule et farine avec leur unité connue sous le nom « Les Moulins Amor Benamor ». Puis vint la fabrication de pâtes alimentaires, avant de se lancer dans le secteur de l’immobilier avec la construction de logements.  L’ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie (CACI) et ex-vice-président du Forum des chefs d’entreprises (FCE) de 2014 à 2019, ambitionnait de créer une boulangerie industrielle. Il avait jeté son dévolu sur le complexe Eriad Corso. Or, ce partenariat n’a pas jamais décollé, avant qu’il ne soit résilié en 2016. Une transaction qui avait marquée par de nombreuses irrégularités et magouilles financières qui avaient d’ailleurs été soulignées par un rapport de l’Inspection générale des finances. Avantages indus, crédits, vente des équipements de l’usine et contrats fictifs, les faits révélés par la Justice ont conduit à la condamnation de Mohamed Laid Benamor et de plusieurs ministres.

Villas, véhicules de luxe, yachts et devises

Notons aussi que le Groupe Benamor détient uneunité de production de tomate conserve, sis à Bouati, des usines de semoule de pâtes implantée à El Fedjoudj et Ain Ben Beida. Des unités qui s’ajoutent à un patrimoine mobilier détenu par les frères Benamorcomposé de dizaines de voitures, de camions, d’équipements industriels ainsi que des yachts, sans compter les fonds placés dans les banques de la wilaya de Guelma. Quant à la wilaya d’Annaba, le Groupe Benamorprocédait, à lui seul, à la réalisation de plusieurs promotions immobilières implantées dans cette wilaya, dont cellede la cité Rym, Beni M’Hafeurs et la baie des corailleurs (résidence Jawhara) . Des sites où ont été réalisées des promotions immobilières et des villas, vendues à coût de milliards. Sans oublier la minoterie réalisée dans la localité de Koudiet Merah (Ain El Berda). Un investissement inauguré par Abdelmalek Sellal, à l’époque. Les frères Benamor possèdent également de nombreux de bateaux de plaisance et des comptes bancaires en monnaie nationale et en devise placés dans les établissements financiers d’Annaba.  Les frères Benamor possédaient également des biens mobiliers et immobiliers et des comptes bancaires à Alger. Celle-ci est devenue leur seconde domiciliation, après Guelma et Annaba.

Rappelons que,  le pôle financier près le tribunal de Sidi M’hamed à Alger, a rendu  le 13 Avril 2022, sa décision définitive concernant le procès des dirigeants du groupe agroalimentaire Amor Benamor. Une affaire impliquant convient-il de le souligner plusieurs anciens ministres. Pour Laid Benamor, patron du groupe éponyme, également ex-vice président du FCE, a écopé d’une peine de 8 ans de prison ferme, assortie d’une amende de 8 millions de dinars. Ses  deux frères, El Hadi et Sami, ont été condamnés respectivement à 7 et 5 ans de prison ferme et à une amende de 8 millions de dinars chacun. Quant aux deux anciens premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que l’ancien ministre de l’Agriculture Rachid Ben Aïssa , ils ont écopé respectivement, de 5 ,4 et 2 ans de prison ferme et d’une amende d’un million de dinars. Les accusés sont poursuivis pour ‘’abus de fonction’’, ‘’dilapidation de deniers publics aux fins d’octroi d’indus avantages’’. Quant aux frères Benamor, ils sont accusés de ‘’blanchiment d’argent», «complicité dans dilapidation de deniers publics’’, ‘’perception d’indus avantages’’ et exploitation illégale de terres agricoles. Les trois frères ont été condamnés, par ailleurs, à payer solidairement plus de 3 millions de dinars au Trésor public. Par ailleurs, des peines allant de 18 mois et de 3 ans de prison ferme assorties d’une amende d’un million de DA, ont été retenues à l’encontre de l’ancien secrétaire général du ministère de l’Industrie  ainsi que,  l’ancien directeur financier du groupe Benamor. D’autres prévenus ont, par ailleurs, bénéficié de la relaxe. Le président du pôle financier a ordonné en outre la confiscation de tous les biens mobiliers et immobiliers ainsi que les comptes bancaires en Algérie et à l’étranger, y compris ceux qui font l’objet de commissions rogatoires des prévenus condamnés dans le cadre de cette affaire. Dans cette affaire l’enquête a été engagée en  2019, par l’inspection générale des finances (IGF)  dans le sillage des enquêtes judiciaires ouvertes au sujet des hommes d’affaires proches l’ex-président Abdelaziz Bouteflika. L’ouverture des procès pour corruption et la condamnation de ces hommes d’affaires a également induit la confiscation de l’ensemble des biens mal acquis qui vont être versés au Trésor public, tandis que les unités industrielles récupérées sont transférées au patrimoine du secteur public.
  Depuis mai 2022, et à l’issue de 26 procès, plus de 13 entreprises, appartenant à des hommes d’affaires, ont été confisquées par la justice algérienne. Il s’agit

128 milliards de dinars d’indemnités

Une poignée d’oligarques s’est bâti des fortunes en puisant des fonds du trésor public. Ces hommes d’affaires purgeant leurs peines dans les différentes prisons du pays, sont tenus d’indemniser le Trésor public avec 128 milliards de dinars, avec la confiscation de leurs biens immobiliers, mobiliers et tous leurs avoirs bancaires. La récupération par l’Etat des entreprises appartenant à des hommes d’affaires emprisonnés se poursuit et touche un bon nombre d’entités économiques. C’est le cas  du groupe KouGC, le cas le plus édifiant est celui de l’usine d’huile Cogral filiale de l’Entreprise nationale des corps gras, située au port d’Alger, que les frères oligarques avaient s’étaient accaparés il y a 13 ans, mais qui est retournée récemment dans le giron étatique par la porte du groupe industriel public Agro Div. Où encore la huilerie de Jijel récupérée par l’État. La liste des biens d’Ali Haddad  quant à elle dépasse, l’imaginaire : plusieurs logements à Alger, 57 lots de terrains et 452 crédits auprès des banques publiques ajoutés aux 275 projets octroyés de manière irrégulière au groupe ETRHB. Autre oligarque Tahkout, dont le groupe n’est pas des moindres.  Parmi les biens saisis du groupe Tahkout, l’entreprise de transport des étudiants qui a été transférée au ministère des Transports. Toutes les entreprises dont les biens ont été saisis dans le cadre des scandales de corruption sont passées par ce processus et ont été réactivées. Parmi les biens récupérés sur le territoire national, des usines, des villas, des bateaux de plaisance, des appartements, des lots de terrains, des immeubles, des voitures, des bijoux et des avoirs bancaires. Ont également été frappés de confiscation des biens appartenant à Bairi et Mazouzi entre autres.  L’exécution des perquisitions, mises sous scellés et saisies ordonnées par la justice ont , depuis le début du processus, concerné plus d’une quinzaine personnalités .  Le président de la République a indiqué il y a quelques jours que la Justice a pu récupérer pour l’équivalent de 20 milliards de dollars de biens et d’avoirs détournés.  La semaine dernière, le ministre de la Justice a évoqué avec force détail la consistance des saisies. Il a ainsi indiqué que la justice a mis la main sur 4213 biens immobiliers, 401 terrains industriels où ont été implantées des dizaines d’usines. Il citera l’exemple d’une cimenterie à Relizane, d’une usine de rond à béton à M’sila et Berrahal à Annaba, des usines de montage de véhicules lourds à Boumerdès à Tiaret, Saïda (Suzuki), Relizane (Sovac), des unités de raffinage de l’huile alimentaire à Jijel, Oran et Alger, des usines de raffinage de sucre, des usines de production de médicaments à Reghaïa et Tissemsilt.

Concernant le foncier agricole, la justice a récupéré 229 périmètres agricoles dont la superficie oscille entre 5000 et 15000 hectares, à Tipaza, Saida, M’sila, Tipaza, Adrar, Annaba, Adrar, Djelfa, El Bayadh, Skikda, Guelma, Mascara, Timimoun. S’agissant des biens immobiliers, la justice a récupéré 425 terrains à bâtir, 14 promotions immobilières, dont l’une à Oran comptant 1000 logements, une autre de 208 logements à Bordj El Bahri (Alger), 44 locaux commerciaux et parkings, 211 villas, 1497 appartements de haut standing à Alger, Annaba, Constantine, Sétif et Oran, 281 immeubles en cours de réalisation. Quant au foncier touristique, l’État a récupéré 21 hôtels et complexes touristiques, environ 600 locaux commerciaux dont trois grands centres commerciaux à l’image de celui de Bab Ezzouar et Es Senia(Oran) des carrières, des stations d’essence, station de stockage, d’enrobage, de goudron à Tiaret, Aïn Defla, Tamanrasset, Sidi Bel Abbès, Djelfa, Oran, Relizane, Bouira. Des stations-service dans plusieurs wilayas à l’image de Tipaza, Adrar, Mascara, Alger, Oran et Tizi Ouzou. En outre, il a été recouvré pas moins de 23774 biens mobiliers, dont des concessions portuaires à Béjaïa, Mostaganem, Alger et Skikda.La justice a récupéré au moins deux avions, dont la valeur de l’un deux est estimé à des millions de dollars. Un autre avion est en voie d’être récupéré. Quelques 25 bateaux, dont des yachts ont été également confisqués, de même 4203 camions et bus, ainsi que 821 véhicules utilitaires, 1330 grands engins de travaux publics, 236 machines agricoles, 7000 véhicules touristiques, dont 3141 tous types et cylindrées confondus, 1450 voitures de luxe et 2300 en voie d’assemblage à Tiaret. La justice a saisi 6447 comptes bancaires en dinars et en devises, 99 titres bancaires, dont un seul titre peut atteindre jusqu’à un 1 milliard de centimes, sans compter le matériel médical et les médicaments, le cash, les bijoux et les pierres précieusesqui ont été récupérés. Des entreprises de gestion des chaînes de télévisions privées évaluée à des millions d’euros ont été également saisies. «On a aussi remboursé des crédits bancaires, sachant à titre d’exemple qu’un seul oligarque avait obtenu 54 milliards de dinars de crédits bancaires», avait également précisé Tabbi, qui avait alors souligné que cela ne constitue que le début de l’opération, au regard des décisions de Justice qui restent encore à appliquer et de la récupération des biens détournés à l’étranger, d’autant plus que 224 commissions rogatoires ont été adressées à une trentaine de pays.

Sofia Chahine

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