RD Congo : La SADC appelle à une solution pacifique
La situation dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) continue de se dégrader alors que la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) appelle à une solution pacifique pour mettre fin au conflit. Lors d’un sommet des chefs d’État et de gouvernement qui s’est tenu ce vendredi à Harare, capitale du Zimbabwe, l’organisation régionale a exprimé sa vive préoccupation face à l’escalade des violences qui menacent la stabilité de toute la région. Les récents événements marqués par la prise de Goma, principale ville de l’est de la RDC et capitale de la province minière du Nord-Kivu, par les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, ont particulièrement inquiété les dirigeants de la SADC. Cette offensive, qui s’est ensuite dirigée vers Bukavu dans la province du Sud-Kivu, a fait craindre un embrasement régional, bien que la progression des rebelles semble désormais endiguée grâce à l’intervention des forces armées congolaises soutenues par l’armée burundaise. Le bilan humain de ces affrontements est particulièrement lourd, avec 773 corps enregistrés dans les morgues des hôpitaux de Goma au 30 janvier, selon le ministère congolais de la Santé. Les Nations Unies font état de leur côté d’au moins 700 morts et 2.800 blessés lors des combats qui se sont déroulés entre dimanche et jeudi. Face à cette situation alarmante, le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, qui assure actuellement la présidence en exercice de la SADC, a lancé un appel pressant pour une paix durable en RDC, exhortant toutes les parties au conflit à privilégier le dialogue et les mécanismes de résolution pacifique des conflits. « Il est du devoir individuel et collectif de tous les États membres d’en faire beaucoup plus pour faire taire définitivement les armes si nous voulons réussir à réaliser ces aspirations », a-t-il déclaré lors du sommet. La SADC a particulièrement condamné les attaques menées par les rebelles du M23 contre les forces de sa mission dans l’est de la RDC, soulignant que ces actions violaient le cessez-le-feu conclu dans le cadre du processus de Luanda le 30 juillet 2024 et compromettaient la paix et la sécurité de la RDC et de toute la région. Sur le terrain, la situation militaire semble évoluer en faveur des forces gouvernementales congolaises. Selon Justin Mulindangabo, une figure importante de la société civile locale, les troupes gouvernementales ont repris le contrôle de plusieurs villages dans le secteur de Kalehe, situé à mi-chemin entre Goma et Bukavu. Cette information a été confirmée par un responsable local qui a souhaité garder l’anonymat, précisant que l’armée congolaise avait renforcé ses positions à Kalehe. Les forces burundaises, intervenues à la demande de Kinshasa, s’emploient notamment à bloquer l’avancée des rebelles et de l’armée rwandaise au nord de Kavumu, une ville stratégique située à 35 kilomètres au nord de Bukavu, où se trouve l’aéroport de la capitale du Sud-Kivu. La dimension sanitaire de cette crise préoccupe également les instances régionales. Le chef de l’agence sanitaire de l’Union africaine (Africa CDC), Jean Kaseya, a qualifié la situation à Goma de « véritable urgence de santé publique ». Il a notamment mis en garde contre les risques de propagation d’épidémies, soulignant que les conditions actuelles « extrêmes, combinées à l’insécurité et aux déplacements massifs de population, ont alimenté la mutation du virus mpox ». Goma, qui compte trois millions d’habitants dont un million de déplacés, est devenue selon lui « l’épicentre, propageant le virus mpox dans 21 pays africains ». La SADC a appelé au rétablissement immédiat des services essentiels tels que l’eau, l’électricité, les moyens de communication et les lignes d’approvisionnement en nourriture et autres produits de base dans cette région déchirée par la guerre. Le président Mnangagwa a également exhorté la communauté internationale à intensifier la fourniture d’aide humanitaire aux populations touchées et à renforcer les efforts de paix et de sécurité en cours dans l’est de la RDC. La tension diplomatique reste vive dans la région, avec le Rwanda qui continue de nier tout soutien aux rebelles tutsis du M23, tout en accusant Kinshasa d’héberger et d’armer des miliciens hutus responsables du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Le président burundais Evariste Ndayishimiye a d’ailleurs mis en garde vendredi le Rwanda contre toute incursion des troupes de Kigali sur le territoire burundais, prévenant qu’une telle initiative provoquerait une « guerre généralisée ». Cette crise multidimensionnelle, qui combine aspects sécuritaires, humanitaires et sanitaires, représente un défi majeur pour la stabilité régionale, nécessitant une réponse coordonnée et urgente de la part des acteurs régionaux et internationaux.
L.S.