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Une marée humaine se dirige vers le Nord de Ghaza : Mettre en échec une nouvelle Nakba

Dans un mouvement historique de résistance contre les tentatives de déplacement forcé, des milliers de Palestiniens ont commencé hier  à regagner leurs foyers dans le nord de la bande de Ghaza. Cette mobilisation massive, qui s’inscrit dans le cadre du cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier, représente bien plus qu’un simple retour : elle incarne la détermination inébranlable du peuple palestinien à faire échec aux plans visant à les déraciner de leur terre natale.

Dès 7 heures du matin, une impressionnante colonne humaine s’est mise en marche le long de la route côtière Al-Rashid, bravant les destructions massives pour rejoindre leurs quartiers dans le nord de l’enclave. Ces images saisissantes de familles marchant vers leurs foyers, certaines entonnant des chants de victoire, témoignent de leur volonté inflexible de contrecarrer toute tentative de reproduire la Nakba de 1948, cette catastrophe qui avait vu l’expulsion de 800.000 Palestiniens de leurs terres. Le mouvement de résistance Hamas n’a pas tardé à qualifier ce retour de « victoire » contre les plans d’occupation et de déplacement forcé. Une position renforcée par le Jihad islamique qui y voit « une réponse cinglante à tous ceux qui rêvent de déplacer notre peuple ». Cette détermination fait écho aux déclarations de Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas, affirmant que les Palestiniens « feront échouer » toute tentative d’expulsion de leur terre « comme ils ont fait échouer tous les projets de déplacement pendant des décennies ».

Ce retour intervient dans un contexte particulièrement tendu, alors que le président américain Donald Trump s’est illustré par son soutien aux plans sionistes de nettoyage ethnique dans l’enclave palestinienne en « proposant », un déplacement forcé des Palestiniens vers l’Égypte et la Jordanie.  Une position qui tombe sous le coup de la convention de Genève sur le génocide et qui a d’ailleurs soulevé un tollé. La présidence palestinienne a fermement condamné ces projets, les qualifiant de « violation des lignes rouges ». Pour les 2,3 millions de réfugiés palestiniens déjà présents en Jordanie, ces suggestions ravives les blessures du passé. Le vice-Premier ministre jordanien, Ayman Safadi, a d’ailleurs réaffirmé que « la stabilité des Palestiniens sur leur terre est une constante jordanienne qui n’a pas changé et ne changera pas ». L’ampleur des destructions à laquelle font face les retournés est considérable. L’UNRWA rapporte qu’aucun endroit à Ghaza n’a été épargné par les bombardements incessants qui ont duré plus de 15 mois. Le bilan humain est catastrophique : plus de 158.000 martyrs et blessés, majoritairement des femmes et des enfants, ainsi que plus de 14.000 disparus. À Rafah, l’UNRWA constate avec amertume que « les gens retournent vers une destruction massive » après des mois de déplacements répétés. La mobilisation internationale contre ces tentatives de déplacement forcé s’intensifie. Le Parlement arabe, par la voix de son président Mohammed bin Ahmed Al Yamahi, a qualifié ces projets de « crime au regard du droit humanitaire international ». La Ligue arabe a également pris position, soulignant que « les tentatives visant à expulser le peuple palestinien de ses terres, par le déplacement, l’annexion ou l’expansion des colonies, se sont révélées infructueuses dans le passé et sont inacceptables ».

L’Égypte a réaffirmé par le biais de son ministère des Affaires étrangères « son soutien continu » aux droits légitimes du peuple palestinien sur sa terre et sa patrie, exprimant « son rejet de toute atteinte à ces droits inaliénables, que ce soit par la colonisation ou l’annexion de terres, ou par l’évacuation de ces terres de leurs propriétaires par le déplacement ». Pour les Palestiniens, ce retour symbolique vers le nord de Ghaza représente bien plus qu’une simple migration inverse : c’est l’affirmation de leur droit inaliénable à vivre sur leur terre ancestrale. Comme l’a souligné la présidence palestinienne : « le peuple palestinien n’abandonnera pas sa terre et ses lieux saints. Nous ne permettrons pas que se répètent les catastrophes qui ont frappé notre peuple en 1948 et 1967 ». Cette marée humaine qui afflue vers le nord de Ghaza incarne la résilience d’un peuple qui, malgré les destructions massives et les tentatives de déplacement, reste déterminé à préserver son identité et son attachement à sa terre. Face aux projets de nettoyage ethnique, la mobilisation palestinienne démontre une fois de plus que la volonté d’un peuple de demeurer sur sa terre ne peut être brisée, même face aux pires adversités.

Lyes Saïdi

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