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Le public paye toujours mieux que le privé : Quel sont les salaires des Algériens ?

La politique des salaires est actuellement au cœur des discussions, à l’orée de la révision du point indiciaire de la grille des salaires de la fonction publique. Une révision qui devra induire une hausse sensible des traitements de trois millions de fonctionnaires.

C’est justement dans ce contexte que l’Office national de statistiques vient de publier une enquête sur le niveau des salaires en Algérie. Une enquête qui certes ne concerne que les activités marchandes et non la fonction publique, mais qui permet cependant de se fixer sur le niveau des salaires dans notre pays. Si l’ONS fait ressortir le fait que la moyenne des salaires reste en deçà des revenus cibles revendiqués par les syndicats, l’UGTA en tête, il confirme une spécificité algérienne et démontre que le niveau des salaires dans le secteur public demeure inexorablement plus élevé que dans le secteur privé.

Ainsi et selon les statistiques l’Office national des statistiques (ONS), relayées par l’APS, le salaire net mensuel moyen en Algérie (hors agriculture et administration) a connu, en 2019, une nette progression par rapport à l’année précédente.  Ce dernier a en effet progressé de 2%, pour s’établir à 41.800 dinars contre 41.000 dinars en 2018. Réalisée par l’Office National des Statistiques auprès des entreprises, cette enquête annuelle sur les salaires renseigne qu’en 2019, le salaire net mensuel moyen a été de 58.400 dinars dans le secteur public et de 34.100 dinars dans le privé, soit une différence de 24.400 dinars. 

En fait, la même enquête qui révèle que « les disparités salariale entre le secteur public et privé sont dues, en partie, à l’existence de certaines entreprises publiques importantes en termes d’effectifs avec un système de rémunération avantageux », indique aussi que les activités pétrolières (production et services d’hydrocarbures) et financières (banques et assurances) demeuraient les secteurs qui payent le mieux avec des salaires mensuels de, respectivement, 107.600 dinars et 61.200 dinars, suivis par les secteurs de la production et distribution de l’électricité du gaz et eau avec 47.142 dinars et de la santé avec 46.300 dinars.Des salaires par ailleurs plus élevés dans les industries extractives et les activités financières « du fait que les entreprises relevant de ces deux secteurs emploient beaucoup de diplômés et qu’ils aient plus de facilité que d’autres pour payer leur personnel (système de rémunération spécifique) ». 

Toujours à ce chapitre, l’ONS explique que les salaires nets moyens mensuels dans les secteurs de la construction, de l’immobilier et services aux entreprises enregistrent les niveaux les plus faibles avec, respectivement, 32.000 dinars et 35.000 dinars » ajoutant que les deux facteurs qui tirent le salaire moyen de ces secteurs vers le bas sont d’une part la  proportion très importante de la catégorie agents d’exécution dans l’emploi total de ces secteurs d’activité ainsi que la forte présence de l’emploi informel d’autre part ». 

Par ailleurs, il est noté que le salaire net moyen en 2019, tous secteurs confondus, est de 81.000 dinars pour les cadres, 48.900 dinars pour le personnel de maîtrise et de 30.000 dinars pour les agents d’exécution, soit largement au-dessus du Salaire minimum garanti. Par secteur et qualification, les niveaux le plus important du salaire moyen des cadres sont enregistrés dans les secteurs des industries extractives (131.440 dinars) et de la Santé (97.900 dinars), selon l’ONS précisant, toutefois, que son enquête concernait uniquement les structures de santé du secteur privé, alors que celles du secteur public (services non marchands) ne sont pas incluses. De son côté, le salaire net moyen des cadres du secteur du commerce et réparation est de 87.300 dinars, suivi par celui des transports et télécommunication avec 74.100 dinars et des industries manufacturières avec 72.000 dinars.

Prédominance des primes

Cependant, fait remarquable, la même enquête de l’Office national des statistiques (ONS) montre que  les salaires nets mensuels demeurent plus valorisés au secteur public qu’au secteur privé. Une disparité  expliquée, précise l’Office National des Statistiques, par la taille importante de certaines entreprises publiques et par leurs systèmes de rémunération avantageux. En 2019 sur plus de 700 entreprises, le secteur public affiche des salaires moyens plus élevés par rapport au privé  faisant remarquer que le salaire mensuel net moyen est de 58.400 dinars dans le secteur public, alors qu’il n’est que de 34.100 dinars dans le secteur privé, soit une différence de 24.300 dinars. Le salaire net moyen mensuel d’un cadre est de 88.600 dinars dans le secteur public, contre 73.700 dinars dans le privé, celui d’un agent de maîtrise est de 64.100 dinars, contre 38.000 dinars dans le privé et enfin le salaire d’un agent d’exécution dans le public est de 40.100 dinars contre 26.900 dinars dans le privé, fait ressortir l’enquête. En fait, l’ONS explique ce niveau « relativement élevé » du salaire dans le public par l’existence, dans ce secteur, de certaines entreprises importantes en termes d’effectifs et de chiffres d’affaires avec un système de rémunération « avantageux ». C’est le cas notamment des entreprises activant dans les industries extractives (secteur des hydrocarbures et services pétroliers), les transports et communications et les activités financières. Cependant, l’enquête menée par l’ONS met un fait notable, celui de la prédominance des primes sur le revenu de base dans la structure des salaires, notamment dans le secteur public. 

Globalement, pour l’ensemble des deux secteurs public et privé et au niveau national, le salaire est composé à hauteur de 59% des primes et indemnités. Dans le secteur public, le salaire de base représente 46% du salaire brut. Pour certains secteurs, la part du salaire de base est plus importante telle que l’activité financière, et le secteur des hôtels et restaurants avec, respectivement, 55% et 53%. Dans le secteur privé, le salaire de base représente 65% du salaire brut. La part du salaire de base est plus importante dans les secteurs des activités financières (84%) et des hôtels-restaurants (77%).

Kamel Nait Ameur

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