Culture

Protection du patrimoine culturel : Une priorité nationale

14.651 biens culturels ont été restitués, le secteur de la Culture et des Arts s’étant constitué partie civile dans 44 affaires liées au trafic illicite de biens culturels.

Dans le cadre du mois du patrimoine, qui se déroule du 18 avril au 18 mai, le Palais de la culture Moufdi-Zakaria a accueilli samedi  le lancement de la deuxième session de formation destinée aux magistrats et aux officiers de police judiciaire, axée sur la protection du patrimoine culturel et la lutte contre le trafic illicite des biens culturels. Cette initiative, fruit d’une coordination étroite entre le ministère de la Culture et des Arts et celui de la Justice, s’inscrit dans une stratégie nationale globale visant à préserver le riche héritage culturel algérien.

La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence de représentants du ministère de la Défense nationale, du ministère de la Justice, des différents corps sécuritaires, ainsi que de nombreux chercheurs spécialisés, soulignant l’importance accordée à cette question au plus haut niveau de l’État. Le ministre de la Culture et des Arts, Zouhir Ballalou, a donné le ton en affirmant avec conviction que « la protection du patrimoine culturel est la responsabilité de tous », ajoutant qu’il s’agit d’« un devoir national et un enjeu stratégique reflétant la profondeur de l’appartenance et de l’identité de la nation ». Ces mots résonnent particulièrement dans un contexte mondial où le trafic de biens culturels constitue l’une des activités illicites les plus lucratives, juste après le trafic d’armes et de stupéfiants.

L’année 2024 a d’ailleurs été marquée par des avancées significatives dans ce domaine. Selon M. Ballalou, « près de 14.651 biens culturels ont été restitués, le secteur de la Culture et des Arts s’étant constitué partie civile dans 44 affaires liées au trafic illicite de biens culturels ». Un chiffre qui témoigne de l’efficacité des dispositifs mis en place et de la mobilisation des différentes institutions concernées.

Le ministre a également révélé que « 48 dossiers relatifs aux différentes atteintes aux biens culturels immobiliers, tels que les sites archéologiques et les monuments historiques, ont été examinés au niveau de 24 wilayas, à l’issue desquels dix actions en justice ont été intentées ». Cette approche judiciaire vient compléter le travail de terrain mené par les services spécialisés pour protéger le patrimoine matériel national.

Parallèlement aux actions répressives, un important travail de conservation préventive et de restauration est mené. M. Ballalou a annoncé que ces efforts avaient permis, en 2024 et début 2025, « la restauration de 100 manuscrits et de 14 lithographies », ainsi que « la numérisation de 3100 manuscrits à la Bibliothèque nationale et de 17000 documents supplémentaires ailleurs ». Cette politique de sauvegarde numérique constitue un rempart supplémentaire contre la perte irrémédiable de ce patrimoine écrit.

La formation joue également un rôle central dans cette stratégie. Le ministre a évoqué « la formation de techniciens issus de 35 établissements publics et privés, notamment dans les domaines de la conservation et de la restauration du patrimoine culturel manuscrit ». Un investissement sur l’humain qui garantit la pérennité des savoir-faire nécessaires à la préservation des biens culturels.

Des moyens modernes au service d’une cause ancestrale

L’Algérie ne néglige aucun moyen dans sa lutte contre le pillage de son patrimoine. M. Ballalou a ainsi mentionné « la création d’une cellule de veille chargée d’enquêter, de récupérer et de suivre les affaires relatives aux atteintes au patrimoine culturel national sur Internet, ayant permis, en coordination étroite avec les services diplomatiques, la restitution et le rapatriement de 11 pièces archéologiques et artistiques de l’étranger ».

Pour sa part, Aoun Seifeddine, représentant du ministre de la Justice, garde des Sceaux, a souligné que « l’organisation de la 2e édition de cet atelier, après le succès du premier tenu l’an dernier, témoigne de l’attention que porte le secteur de la culture et des arts à la préservation du legs culturel national » lequel « met en avant l’identité nationale, notamment face aux tentatives d’atteinte à ce legs tant au plan international que régional ».

Il a appelé les participants à cette session à « tirer pleinement profit des connaissances et acquis que propose cet atelier en vue de promouvoir et d’appuyer le traitement judiciaire qualitatif et dissuasif des litiges liés au patrimoine culturel et lutter contre le trafic illicite des biens culturels ». Une invitation à l’excellence qui traduit l’importance accordée à la formation des magistrats dans ce domaine spécifique.

M. Aoun a également réaffirmé « la coordination permanente et continue » entre le secteur de la justice, celui de la culture et des arts, les différents services sécuritaires et administratifs ainsi que la société civile pour préserver le patrimoine culturel et lutter contre le trafic illicite des biens culturels. Une approche holistique qui mobilise l’ensemble des acteurs concernés.

Cette formation, qui se poursuivra jusqu’au 8 mai, comprend un programme à la fois théorique et pratique, avec des ateliers dans plusieurs établissements muséaux d’Alger et des visites de musées et sites archéologiques à Cherchell, Médéa et Tipasa. Une immersion sur le terrain qui permettra aux participants de mieux appréhender les enjeux concrets de la protection du patrimoine culturel algérien, trésor national dont la préservation constitue désormais une priorité stratégique pour l’État.

Mohand Seghir

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